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19 décembre 2013 4 19 /12 /décembre /2013 10:50

Entre le Paseo del Prado et le parc du Retiro - poumon vert de Madrid d'une superficie de 130 hectares -, s'étire un quartier constitué de blocks (manzanas en castillan) réguliers comme dans les villes nord-américaines et dont les rues portent les noms de personnalités qui ont compté dans l'histoire de l'Espagne : Alphonse XI, roi de Castille et de Léon au 14ème siècle, Alphonse XII, roi d'Espagne durant la seconde moitié du 19ème siècle, Juan de Mena, poète et chroniqueur du 15ème siècle, Antonio Maura, homme politique, grand-père de Jorge Semprun. C'est dans un immeuble au coin des rues Juan de Mena et Antonio Maura que Jorge Semprun, né le 10 décembre 1923, a passé son enfance.

"En juillet 1909, le gouvernement avait décidé d'envoyer de nouvelles troupes au Maroc pour finir au plus vite une guerre dans laquelle l'armée s'empêtrait. Les anarchistes, les socialistes et même les radicaux d'Alejandro Lerroux décidaient alors une grève générale à caractère pacifiste. Le gouvernement avait répliqué en décrétant la loi martiale sur l'ensemble du territoire. Les affrontements s'étaient multipliés, une situation insurrectionnelle se développant même à Barcelone. La répression est féroce : le 31 juillet, au terme de la semana tragica, on relève une centaine de victimes pour autant d'exécutions. Les conséquences politiques sont importantes : la crise entraîne la chute du cabinet conservateur d'Antonio Maura, elle établit une méfiance définitive des socialistes et de l'U.G.T. à l'égard des radicaux qualifiés de "démagogues bourgeois" et elle facilite l'ébauche d'une union de la gauche." (1)

Autrefois calle (rue) de la Lealtad, la rue qui part de la plaza de la Lealtad en direction du parc du Retiro a pris le nom d'Antonio Maura (décédé en 1925) parce que ce dernier y possédait un hôtel particulier, siège actuel de la fondation Antonio Maura. "Grande figure du parti conservateur, homme autoritaire mais réformiste, il marqua incontestablement son temps. Ayant projeté de donner à Cuba son indépendance afin d'éviter la guerre, il reste cependant lié à la Semaine tragique de Barcelone, qu'il réprima sauvagement." (2)

Au nord de ce quartier cossu et paisible, se trouve la place de l'Indépendance au centre de laquelle s'élève depuis 1778 la Porte d'Alcala, monument imaginé par Sabatini pour commémorer l'entrée triomphale du roi Charles III à Madrid. Charles III, arrière-petit-fils de Louis XIV, roi de Naples et de Sicile durant vingt ans, arriva en Espagne en 1759 et c'est sous son règne que Madrid se modernisa afin de devenir une capitale à la hauteur des autres capitales européennes. C'est sous son règne qu'est achevé le palais royal qu'il occupe dès 1764, palais qui sera la résidence des souverains espagnols jusqu'en 1931.

8, place de l'Indépendance : En esta casa nacio el 30 de diciembre de 1895 el escritor José Bergamin poeta de una España peregrina. José Bergamin, poète lié au groupe de 1927 et homme de théâtre a créé en 1933, avec le père de Jorge Semprun, la revue Cruz y Raya où il publie un certain nombre d'essais. "Sur quelques feuillets arrachés à un bloc de papier à lettres de petit format, le message de mon père à José Bergamin - ami de toujours : ensemble ils avaient fondé dans les années 30 la revue Cruz y Raya - n'est qu'une plainte désespérée, datée de la veille même du jour où le général Franco a publié son dernier communiqué de guerre annonçant la fin de la guerre civile." (3)

C'est aussi sur la place de l'Indépendance que le 8 mars 1921 mourut criblé de balles dans sa voiture le président du Conseil Eduardo Dato.

Dîner au Cabo Finisterre : 4075 pesetas

Sidra 750 pesetas

Boquerones en vinagre 800 pesetas

Racion de jamon Serra... 1300 pesetas

Racio de queso Manch... 1100 pesetas

1 pan 100 pesetas

(1) Bernard Bessière, Histoire de Madrid (Librairie Arthème Fayard, 1996).

(2) Gérard de Cortanze, le Madrid de Jorge Semprun (Editions du Chêne, 1997).

(3) Jorge Semprun, Adieu, vive clarté... (Editions Gallimard, 1998).

12 calle (rue) Alfonso XI à Madrid : l'immeuble où Jorge Semprun a passé son enfance.

12 calle (rue) Alfonso XI à Madrid : l'immeuble où Jorge Semprun a passé son enfance.

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