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9 octobre 2012 2 09 /10 /octobre /2012 09:09

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Je rentrais du lycée, ce lundi 9 octobre 1978, et la une s'étalait aux kiosques des journaux : "BREL EST MORT". Voilà pour l'anecdote. Celui qui n'avait jamais guéri de son enfance, qui avait tout laissé tomber pour continué d'avoir le droit de rêver, qui nous laissait un témoignage éternel de son court passage sur terre, venait de mourir à l'âge de quarante-neuf ans.

 

"Je suis né le 8 avril 1929. J'aurais dû normalement naître au Congo où mes parents ont vécu vingt-cinq ans. Mais c'est aux environs de Bruxelles, à Schaerbeek, que j'ai poussé mon premier cri." (1) Le père et l'oncle de Jacques Brel dirigent une usine de carton. Le petit Jacques entre à l'école mais s'y ennuie. Il faut souvent le changer d'école. "J'étais un élève très médiocre, le programme scolaire me paraissait dénué de tout intérêt et je préférais rêver ou fabriquer des lance-pierres derrière mon pupitre." (1) Un jour, le père accompagne son fils à son usine de carton ondulé et lui dit que, plus tard, c'est là qu'il travaillera. Pourtant, à vingt-trois ans, il quitte Bruxelles car il s'ennuie à hurler dans son poste de directeur qui lui va si mal. "J'ai essayé de faire des chansons surtout parce que j'avais envie de raconter quelque chose. En réalité, j'avais envie de raconter quelque chose comme un adolescent." (2) Après Les 3 Baudets, l'Ecluse et Chez Patachou, Jacques Brel revient à Bruxelles en 1953, à La Rose Noire, 30 petite rue des Bouchers. Il chante ses souvenirs, les pavés de son enfance, l'hypocrisie des gens, la vie telle qu'elle est  et l'espoir de tous les jeunes. C'est en 1956 qu'il fait exploser toute la faiblesse et la force que les hommes ont en eux contre le monde entier avec Quand on a que l'amour. 

"- Jacques Brel, est-ce que vous êtes d'accord si je dis que vous êtes anticonformiste ? 

- Oui. Peut-être. Oui. Vaguement.

- Pourquoi êtes-vous réticent ?

- Parce que tout le monde l'est.

(...) - Au fond, souvent, la tête de turc que vous poursuivez à travers vos chansons, ce sont vos propres thèmes ?

- Toujours, c'est moi." (3)

Jacques Brel, devenu grand, passe sa vie à se raconter : "Quand les gens se mettent à écrire des choses, en général, ils sont sincères parce que comme ils n'ont pas beaucoup d'imagination, ils ne font jamais que se raconter eux." (4) Se raconter et chanter pour partir où personne ne part, pour atteindre l'inaccessible étoile. Il était "le seul homme vraiment libre, peut-être que nous ayons connu." (5)

Jacques Brel, parfaitement optimiste, espère que les hommes quitteront leur carapace pour se révéler et croit qu'un jour ils seront : "Un homme qui n'est pas tendre, ce n'est pas un homme. Un homme dur, ça n'existe pas. Un homme qui ne pleure pas, ça n'existe pas. (...) Faut-il être égoïste pour ne jamais pleurer, que ce soit de honte ou de joie. J'aime bien ce phénomène de tendresse." Mais il ne faudra pas pleurer le jour de sa mort : "Je veux qu'on rie, je veux qu'on danse, quand c'est qu'on me mettra dans le trou." (6) C'était le lundi 9 octobre 1978, il y a trente-quatre ans. Mais cela pourrait être aujourd'hui tant son souffle est intemporel.       

 

 

 

(*) Johan Anthierens, Lettre ouverte à François-Xavier de Donnea, Bourgmestre de Bruxelles (1999).

 

(1) Interview de Jacques Brel pour le magazine Marie-Claire (décembre 1961).

(2) Interview de Jacques Brel sur Europe 1 (1962).

(3) Interview de Jacques Brel sur France Inter (1963). 

(4) Sur France Inter en 1964.

(5) Jacqueline Cartier dans France-Soir (10 octobre 1978). 

(6) Le Moribond, Jacques Brel (1961).

 

 

Photo, "C'était au temps où Bruxelles chantait".

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