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13 décembre 2011 2 13 /12 /décembre /2011 11:44

 

"En cette année 1931, il y avait en Europe dix millions de chômeurs, en Amérique sept millions ; la Reichsbank et la Banque d'Angleterre étaient en danger, l'Espagne en révolution, la Chine en guerre." (1) 

La crise de 1929 commence à se faire sentir en France. Plus de cent banques font faillite. La chute des exportations, la baisse du revenu agricole, la baisse de la production d'acier inquiètent les gouvernants. La France qui connaissait jusqu'alors le plein emploi voit, au cours de l'année 1931, la création de nombreux fonds de secours aux chômeurs. Mais tout n'est pas négatif. La technique progresse dans beaucoup de domaines. Le 14 avril 1931, à l'école supérieure d'électricité de Malakoff, on procède à la première émission publique de télévision sous la direction du physicien René Barthélémy. Le 6 mai, le président de la République Gaston Doumergue inaugure l'Exposition coloniale à Vincennes, dont le clou est la reproduction du temple d'Angkor, perle de l'Indochine.

Le 13 mai, Paul Doumer est élu président de la République face à Aristide Briand.Le lendemain, Briand, ministre des Affaires étrangères, part pour Genève, présider la Commission d'Union européenne. "Dans le train, il discute une partie de la nuit avec ses collaborateurs : 'Est-il opportun, je vous le demande, de démissionner du cabinet de ce Pierre Laval qui m'a trahi et qui continuera à le faire ?' (...) Et comme on arrive en gare de Cornavin, il conclut au milieu du silence de ses collaborateurs : 'Je sens ma politique menacée... très menacée. On veut la changer ! Quand il s'agit de la paix du monde et de son pays, on n'a pas le droit de se dérober si l'on n'y est pas forcé ! Avec la même volonté tenace de poursuivre mon effort, je resterai ministre des Affaires étrangères."

A son retour, les enthousiastes de Briand, n'ayant pu lui manifester leur dévotion au lendemain de son échec à la présidence, l'attendent au train de Genève pour lui faire un accueil triomphal." (2)

Le 20 juin, le président des Etats-Unis Herbert Hoover (Républicain) décrète un moratoire sur les dettes de guerre et les réparations. 

"Une fois par mois, Denise Holmann invitait ses amis à venir rue Alfred de Vigny entendre de la musique (...) Ces soirées étaient célèbres dans Paris, à la fois par la qualité des virtuoses et par la discipline rigide qu'y maintenait Denise Holmann. Celle du 29 juin 1931 fut, plus que toutes les autres, recherchée, non par les musiciens mais par les gens de finance et par les gens du monde les moins artistes. Voici pourquoi : la plupart d'entre aux savaient que la Banque Holmann 'ne ferait pas son échéance' le lendemain. Beaucoup étaient curieux de voir si le couple affrontait la tempête avec courage, d'autres pris de pitié voulaient montrer leur sympathie, quelques-uns enfin marquer des points pour le jour de la renaissance de Holmann.

La ruine de celui-ci était due à des causes très diverses. La crise universelle qui mettait les affaires en danger n'y était pas étrangère. Mais Holmann lui-même avait été imprudent. Son associé Börsch, quand il s'était séparé de lui avec éclat en 1926, avait prédit la catastrophe :

- Le jeune Holmann se ruinera, avait-il dit, c'est réglé comme du papier à musique.

(...) Quand, le 30 juin, la nouvelle se répandit dans Paris que les Holmann étaient ruinés, que Holmann avait convoqué ses créanciers, mis à leur disposition tout ce qu'il possédait et jusqu'à la petite fortune et aux bijoux de sa femme, que celle-ci enfin demandait à ses amis de lui trouver une place pour qu'elle pût gagner sa vie, un gand mouvement de sympathie se fit en leur faveur et même ceux qui, comme Saint-Astier, avaient aidé à les ruiner commencèrent à s'inquiéter des moyens de les sauver.

La civilisation industrielle a connu, depuis un  siècle, un grand nombre de crises cycliques mais celle qui commença en 1929 fut entre toutes singulière et sortit de l'oredre commun par plusieurs traits. L'un d'eux était son caractère politique et l'intervention constante des Gouvernements les moins socialistes pour relever ou soutenir des affaires privées. Dans le cas du Comptoir Colonial et de la Banque Holmann, les interventions de parlementaires furent tenaces. Leurs arguments étaient forts. Pouvait-on ruiner un grand nombre d'industriels de l'Est, qui avaient des comptes à la Banque Holmann et la suivraient dans sa chute ? Pouvait-on surtout permettre que les déposants coloniaux, dont beaucoup étaient des indigènes, en vinssent à douter du crédit de la France ? Le Ministère des Finances était favorable à un effort collectif des grandes banques et engageait la Banque de France à y prendre part." (1)   

On ne pouvait donc pas laisser les banquiers sombrer dans la faillite. "Je ne sais si vous imaginez, reprit Holmann, le rôle politique que peut jouer un banquier..." (1)

 

 

(1) André Maurois de l'Académie française, Le Cercle de famille (1932)

(2) Geneviève Tabouis, Vingt ans de suspense diplomatique (1958) 

  

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