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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 09:35

 

 

"Bernard Dimey n'est pas mort le dix mai,

On aurait cru qu'il l'avait fait exprès :

L'est mort le premier juillet au matin

Et rud'ment bien." Jacques Debronckart

 

 

Le 1er juillet 1981, Montmartre perdait un de ses derniers poètes, un homme qui avait le coeur aussi grand..., qui a écrit "Moi qui n'ai rien écrit" et "Je ne dirai pas tout" ; or, tout nous reste à dire sur celui qui a hanté les nuits de la Butte et des Halles et qui regagnait au petit matin son logement de la rue Germain Pilon.

 

 

"Le jour se levait lentement, d'un gris très doux, lavant toutes choses d'une teinte claire d'aquarelle. Ces tas moutonnants, comme des flots pressés, ce fleuve de verdure qui semblait couler dans l'encaissement de la chaussée, pareil à la débâcle des pluies d'automne, prenaient des ombres délicates et perlées, des violets attendris... ; et à mesure que l'incendie du matin montait en jets de flamme, au fond de la rue Rambuteau, les légumes s'éveillaient davantage, sortaient du grand bleuissement traînant à terre." (1)

En 1851, la construction des halles centrales remplace les étalages sous tentes et parapluies et fait place à un lieu pavé et propre.

"Situé d'abord en plein vent, le 'carreau' de Baltard se composera dorénavant d'allées couvertes et de trottoirs qui entourent les pavillons... Avant 1914, la redevance y est de trente centimes au mètre carré. Toutes les provinces françaises y sont représentées, de la Bretagne à la Provence, de l'Alsace à la Vendée. On y rencontre même des Parisiennes..." (2)

Le marché en gros où viennent s'approvisionner tous les marchands qu'ils soient de Paris, des environs et même de l'étranger, est ouvert de 3 heures du matin à 8 heures durant l'été, de 4 à 9 durant l'hiver. Les halles centrales sont connues pour leurs 'Forts', hommes réputés pour leur vigueur au travail et leur grand appétit, réunis en corporation officielle relevant de la préfecture de police, où la hiérarchie est scrupuleusement respectée. Beaucoup occupent un second emploi durant la journée.

"Les boutiques de la rue Berger sont réputées pour leur pittoresque. La moins courue n'est certainement pas le 'Cygne de la Croix' qui attire en permanence les amateurs de Beaujolais. Le 'Petit Manteau bleu' rappelle le souvenir du sieur Champion qui, vers les années 1880, offrait la soupe gratis aux indigents." (2)

Le 28 février 1969, les derniers marchands de fruits et légumes quittent définitivement les Halles de Baltard pour celles de Rungis, comme le rappelle une sculpture polychrome de Raymond Mason, exposée en permanence dans l'église Saint-Eustache.

 

 

"Je ne reviendrai plus dans le quartier des Halles.

Mes diables sont partis, pour Dieu sait quel enfer...

Les touristes ont marché sur les derniers pétales

De nos derniers bouquets, on ne peut rien y faire.

Je ne suis pas client pour les pèlerinages.

Bien le bonjour chez vous ! Je ne reviendrai plus,

J'emporte mes souv'nirs avec le paysage,

Le passé dans ma poche et mon mouchoir dessus.

 

Lèvres couleur de sang et du velours aux châsses,

La belle sans merci fumaille en rêvassant.

Au pas lent des années j'étais celui qui passe,

Mais de Sainte Apolline au Squar' des Innocents

On ne me verra plus jamais traîner mes guêtres

Au gré des muscadets de quatre heur's du matin

Avec mon cinéma tout vivant dans ma tête

Et l'étincelle froide au regard des tapins.

 

J'allais déambuler... je croisais des fantômes,

Tire-laine en ribotte ou pendus décrochés,

Et ça tourbillonnait autour des jolies mômes

Maculées de sang frais par les garçons bouchers.

Les camions de lilas s'ouvraient en avalanches

Et tout autour de moi l'air sentait le printemps.

En des temps très anciens, Saint-Eustache était blanche.

Là-bas j'étais chez moi, bien peinard, et pourtant

 

On ne me verra plus dans le quartier des Halles,

Ce qui peut s'y passer ne m'intéresse plus...

Les temps sont accomplis, à nous de fair' la malle,

Je ne suis pas client pour les regrets non plus...

Adieu mes fleurs de sang, mes panthères de jeunesse,

Je vais aller traîner sur les quais de Bercy.

Malgré moi j'ai le coeur éclaté de tendresse,

Saint-Eustache a gagné, les diables sont partis." (3) 

 

 

(1) Extrait du livre d'Emile Zola, "le Ventre de Paris", cité dans le livre de Georges Renoy "Paris en cartes postales anciennes, Louvre - Bourse". Emile Zola est né rue Saint-Joseph, entre la rue Montmartre et la rue du Sentier, à deux pas des Halles.

(2) Même ouvrage que ci-dessus.

(3) "Le Quartier des Halles", Bernard Dimey.   

 

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