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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 13:12

 

 

"Bernard Dimey n'est pas mort le dix mai,

On aurait cru qu'il l'avait fait exprès :

L'est mort le premier juillet au matin

Et rud'ment bien." Jacques Debronckart

 

 

Le 1er juillet 1981, Montmartre perdait un des ses derniers poètes, un homme qui avait le coeur aussi grand..., qui a écrit "Moi qui n'ai rien écrit" et "Je ne dirai pas tout" ; or, tout nous reste à dire sur celui qui a hanté les nuits de la Butte et des Halles et qui regagnait au petit matin son logement de la rue Germain Pilon.

 

Bernard Dimey a aimé la langue française, a joué avec ses mots, a créé un langage nouveau. L'invasion d'expressions anglo-saxonnes et les anglicismes l'alarmaient, le rendaient triste et le faisait réfléchir sur le devenir de la langue française.

Il écrivait des vers, par qui sont-ils lus ?

Il n'intéresse hélas !, plus personne aujourd'hui,

Je ne sais rien de vous, ne sais plus qui je suis,

Mes vers sont édités mais ne sont pas vendus.

Il essaie de savoir ce qui vous plaît de lire,

Achète des journaux, examine le monde,

Ecoute la radio, s'aperçoit qu'à la ronde,

Seule la langue anglaise attise les désirs.

N'attendez pas de lui de composer anglish,

Mais enfin, il fallait qu'il gagnât bien sa vie.

Aussi, lisez la suite et donnez votre avis,

Il parlait assez mal cette langue de riches.

I am very happy, I am in a hurry

And if I don't know why the wheather is sunny

I can say by the way that I love you because

You're sitting next to me Yeah ! Yeah ! you are so close.

 

Un séjour à Montréal lui redonna le goût de la langue bien parlée dans la Belle Province ; ce voyage lui donna l'inspiration pour les strophes suivantes :

 

"Moi qui vis à Paris depuis plus de vingt ans,

Qui suis né quelque part au coeur de la Champagne,

Jusqu'à ces temps derniers je m'estimais content,

Mais tout est bien fini, la panique me gagne.

 

Quand je lève mes yeux sur les murs de ma ville,

Moi qui n'ai jamais su plus de trois mots d'anglais,

Je dois parler par gestes... et c'est bien difficile...

Alors je viens chez vous retrouver le français.

 

Mes amis pour un rien se font faire des check-up,

Moi je me porte bien, j'en rigole de confiance,

J'écoute des long playings le soir sur mon pick-up ;

Des rockmen, des crooners, y en a pas mal en France.

 

Et j'bouffe des mixed-grills, des pommes chips à gogo,

Alors que j'aim'rais tant manger des pommes de terre

Avec des p'tits bouts d'foie et des p'tits bouts d'gigot,

Mais pour ça c'est fini, il faudra bien s'y faire.

 

On boit des lemon dry dans les snack-bars du coin,

En plein coeur de Paris ça me fait mal au ventre,

Et l'odeur des hot-dogs j'la sens v'nir de si loin

Que mon coeur se soulève aussitôt que j'y rentre.

 

Et l'on fait du footing, du shopping, des plannings,

De quoi décourager mêm' la reine d'Angleterre.

Ma femme la s'main' dernière s'est fait faire un lifting,

J'ai fait du happening pour passer ma colère.

 

Mais ça peut plus durer, j'peux plus vivre comm' ça,

J'aime le vieux langage que parlaient mes ancêtres.

Je vous jure que chez nous il s'en va pas à pas.

Tant pis pour nos enfants, ils s'y feront peut-être,

 

Mais moi je n'm'y fais pas, alors j'ai pris l'avion,

J'ai salué Paris du haut de ma nacelle,

Je suis venu chez vous chercher avec passion

Au bord du Saint-Laurent ma langue maternelle."

 

Bernard Dimey, "Le français".

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