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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 00:00

 

 

Le 24 février 1944, à onze heures du matin, Max Jacob était arrêté par la Gestapo au sortir de l'office qu'il venait de servir en l'église de Saint-Benoît-sur-Loire dans le Loiret. Deux semaines plus tard, le 5 mars, il mourait au camp de Drancy.

Max Jacob, ce nom pourtant connu, fait de lui un homme mal connu. Poète, peintre, écrivain, il était "cocasse et magnifique comme le rêve" comme dit Jean Cocteau. Ami de Pablo Picasso, d'André Derain, de Guillaume Apollinaire, de Marie Laurencin, de Pierre Mac Orlan, d'Amedeo Modigliani, d'André Salmon, de Francis Poulenc, d'Erik Satie, de Georges Auric, Max Jacob, le poète en prose, qui disait que "la situation et le style sont tout", était drôle, aimait conter des anecdotes, adorait ses amis, aimait la musique, faisait des dessins qui ne se vendaient pas.

Nous passerons cette semaine avec Max Jacob pour le (re)découvrir, pour l'aimer, pour lui rendre hommage, pour ne pas l'oublier.

 

Jeanine Warnod dit de lui : "Le nom de Max Jacob est aujourd'hui de plus en plus connu, mais quI sait exactement qui il était et ce qu'il fit. Découvrir Max Jacob, c'est trouver un homme aux multiples facettes, incapable de s'insérer dans le monde extérieur, pas plus qu'il ne put s'admettre lui-même. Certaines de ses photos, quelques-uns des ses auto-portraits, révèlent l'infinie tristesse qu'il portait en lui. Et pourtant, à Montmartre, dans les bistrots ou dans l'atelier de Picasso, il faisait rire aux larmes ses amis."

Max Jacob est né à Quimper (Finistère) le 12 juillet 1876, dans une famille israélite originaire de Lorraine. Il passe son enfance sur les bords de l'Odet où son père, tailleur-brodeur, a une boutique. Le musée des Beaux Arts de cette ville conserve de nombreuses oeuvres et de nombreux souvenirs de lui.

"A huit ans, j'avais un cahier de vers. Un jour, on le découvrit et j'allai me cacher sous le tapis de la salle à manger. On m'y retrouva tout en pleurs... " "Je me souviens de ma chambre d'enfant..." Dans ce texte, le poète évoque le climat de son enfance, le domaine précieux qu'était pour lui sa chambre dans la maison de ses parents à Quimper.

En 1894, il est admis à participer au Concours général de dissertation française, puis s'inscrit à l'Ecole coloniale de Paris qu'il quitte en 1897 pour se consacrer à une carrière artistique. Pour subvenir à ses besoins, il exerce plusieurs métiers : clerc d'avoué, précepteur, magasinier. En 1901, il rencontre Picasso à l'exposition que ce dernier présente 031.JPGchez Ambroise Vollard. Leur amitié est immédiate et sera indéfectible. Ils partagent une chambre boulevard Voltaire jusqu'à ce que Picasso s'installe au Bateau-Lavoir, 13 rue Ravignan. Ce lieu conçu pour accueillir une dizaine d'ateliers pour des artistes connut des moments intenses de création et d'amitié entre poètes et peintres. Picasso y vit avec Fernande Olivier, Von Dongen, Juan Gris s'y installent.

En 1904, Max Jacob publie "le Roi Kaboul Ier et le marmiton Gauwain". "J'ai touché 30 francs pour le "Roi Kaboul". J'en ai profité pour aller dans un restaurant. Tous les plats étaient à 0 fr. 25. J'en ai eu pour 2 fr. 50. Tu t'imagines tout ce que j'ai mangé pour arriver à cette somme ! C'était la belle époque... Je rentrais seul, le soir, je mettais deux paires de chaussettes pour me réchauffer. Après il y eut Salmon, Picasso et les autres. Ce n'était plus la même chose : la misère à plusieurs ce n'est plus la misère.

En ce temps-là, Apollinaire était un petit employé de banque, il lisait ses poèmes aux uns et aux autres. Ce que l'on a raconté est faux : personne ne se doutait alors de cette gloire future... Le grand poète de la bande, aux yeux de tous, c'était André Salmon."

Au Bateau-Lavoir, en 1907, Max Jacob assiste à la création des "Demoiselles d'Avignon" qui est pour lui à l'origine du cubisme. "Picasso est le seul créateur de cette peinture qui devait révolutionner même l'aspect de la vie", dira-t-il. Cette toile monumentale (exposée au MOMA de New York), scène de maison close, dont Picasso a voulu faire un tableau pas comme les autres, peut-être le premier tableau de l'histoire de la peinture qui ne cherche pas à plaire. Picasso compose sa toile comme un puzzle, art ibérique, art africain, figures charmeuses ou inquiétantes, voluptueuses ou douloureuses. En cette même année 1907, Max Jacob se rapproche du Bateau-Lavoir et habite au 7 rue Ravignan. Il y habite de 1907 à 1911 un appentis dont il paye le loyer 35 frs 50 par trimestre. Cet endroit lépreux donne une idée de la misère dans laquelle il vit pendant ces années. "Ma chambre est au fond d'une cour et derrière des boutiques, le n° 7 de la rue Ravignan ! tu resteras la chapelle de mon souvenir éternel. J'ai pensé, étendu sur le sommier que quatre briques supportent ; et le propriétaire a percé le toit de zinc pour augmenter la lumière."

 

Photo, la carrer d'Avinyo ou rue d'Avignon (Barcelone) où habitaient les "Demoiselles"

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