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30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 12:34

 

Quand j'ai commencé l'apprentissage de l'espagnol en 4ème, la professeure nous a mis tout de suite en garde contre les faux amis, ces mots qui ressemblent au français mais qui ont une signification différente. Elle nous donna l'exemple de 'constipado', ce qui nous faisait beaucoup rire, mais à cet âge-là on rit de tout, n'est-ce pas ?, qui veut dire 'enrhumé' ou 'rhume'. 

Pour être dans le vent, il fallait opter pour l'anglais en 6ème et prendre l'allemand comme seconde langue. Pour moi l'allemand c'était 'Nein'. A la fin de mon année de 5ème, le professeur principal a demandé à chacun d'entre nous quel était notre choix pour la deuxième langue ; beaucoup auraient voulu apprendre l'italien mais comme cette langue n'était pas enseignée dans le collège où j'étais, le professeur qui était une professeure (d'anglais en l'occurence) disait : "Prenez espagnol, c'est pareil !" Choisir l'espagnol en 1973 n'allait pas de soi. Je dirais même que c'était mal vu. Quand je disais à des élèves du collège où d'ailleurs, qui ne me connaissaient pas, qui n'étaient pas dans ma classe, que j'apprenais l'espagnol, on me répondait que c'était la langue du pauvre. A cette époque, Franco était encore au pouvoir en Espagne et les pays d'Amérique latine était des pays sous-développés sous la coupe de dictateurs aux lunettes noires. La tendance s'est largement inversée : l'allemand est de moins en moins choisi par les élèves comme seconde langue, et celui qui n'apprend pas l'espagnol aujourd'hui est une triple buse.  

En espagnol, les faux amis sont nombreux, je veux dire dans le langage. Mais des amis espagnols, j'en avais de vrais, que j'allais voir le mercredi après-midi pour parler et écouter (c'était un bon entraînement) et déguster le pain perdu (las torrijas) que la maman faisait. L'Espagne était pour moi un pays (presque) inconnu dont j'apprenais la langue et où je n'étais allé qu'une fois, à Malaga et à Palma de Mallorca, par un mois de février doux mais nuageux. Je marchais sur les pas de George et de Frédéric sans savoir pourquoi il étaient venus là, dans cette chartreuse isolée qui dominait la mer des sarcasmes. La professeure d'espagnol avait promis aux meilleurs de ses élèves de les emmener dans un  restaurant de la rue des Solitaires qui s'appelait 'La Giralda'. Je ne devais pas être assez bon pour être son hôte car je ne suis jamais allé dans ce restaurant qui a disparu depuis longtemps mais devant lequel je passais pour aller au collège qui se trouvait près des Buttes-Chaumont. Je n'ai pas eu l'occasion d'apprendre beaucoup de faux amis car il y avait déjà des problèmes de discipline durant les cours et comme la pauvre femme ne savait pas se faire respecter, tout ce que je savais à la fin de la 4ème était : "Silencio completo por favor". Et pourtant des faux amis, il y en a beaucoup :

. Caramelo : bonbon

. Chalé : pavillon, maison

. Contestar : répondre

. Constirparse : s'enrhumer

. Enfermo : malade

. Fracaso : échec

. Quitar : ôter, enlever

. Subir : monter

Walter Ego, auprès de qui j'étais tout le temps, celui qui n'accompagnait que moi, était-il un ami ou un faux ami ? M'a t-il encouragé ou m'a t-il abandonné ? M'a t-il soutenu ou m'a t-il trahi ? Ou est-ce moi qui l'ai quitté sur un coup de tête, qui l'ai laissé sur le bord de la route pour suivre mon chemin, quitte à aller dans le mur ? Mur, muro en espagnol : ce n'est pas un faux ami celui-là, pour une fois.    

    

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