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1 mars 2024 5 01 /03 /mars /2024 10:27

 

 

Le passage de l'Opéra

                                             1924

 

 

 

Comme le passage des Panoramas qui relie depuis le début du 19ème siècle sur une centaine de mètres la rue Saint-Marc au boulevard Montmartre (dans le 2ème arrondissement de Paris) par plusieurs galeries communiquant entre elles, le passage de l'Opéra - ouvert en 1822 - qui reliait le boulevard des Italiens au théâtre de l'Opéra de la rue Le Peletier se composait de plusieurs galeries, deux étant parallèles comme "un double tunnel" (1) comme l'a écrit Aragon, la galerie du Baromètre et celle du Thermomètre reliées entre elles par une galerie perpendiculaire, la galerie de l'Horloge avec une sortie sur la rue Chauchat. Au 19ème siècle, Paris comptait environ cinquante passages dont la galerie d'Orléans (du Palais-Royal) surmontée d'une verrière longue de 65 mètres démolie dans les années 1930. Les fontaines de Pol Bury se trouvent sur son emplacement. Afin de se faire une idée de ce que fut la galerie d'Orléans, on peut toujours se rendre à Bruxelles (Belgique) et déambuler dans les galeries Saint-Hubert composées des galeries du Roi, de la Reine et des Princes. Actuellement, il ne reste à Paris qu'une quinzaine de passages ou galeries.

 

Mais revenons au texte de Louis Aragon paru en plusieurs segments durant l'été 1924 dans La Revue européenne et intitulé Le passage de l'Opéra. La galerie du Thermomètre s'ouvrait entre le café Biard et la librairie Eugène Rey "où l'on peut consulter à son aise les revues sans les acheter" précise l'auteur. L'enseigne du café Biard se révèle, bien que cachée en partie par un réverbère, sur la photo n°116 du livre de Georges Renoy cité dans le chapitre précédent. A gauche s'ouvre la galerie du Baromètre "au pied de l'étalage de la librairie Flammarion". Il est regrettable que l'auteur qui a reproduit dans son ouvrage coupures de presse, diverses pancartes et encarts publicitaires, n'ait pas croqué de plan du passage et de ses galeries avec les noms des boutiques, hôtels, cafés et restaurants. Mais peut-être qu'avec un tel croquis, l'imagination des lecteurs aurait été sacrifiée sur l'autel de la précision trop ciselée et du détail trop parfait. Comme il ne faut plus compter sur les récits et témoignages des personnes qui à la Belle Epoque et jusqu'en 1924 ont fréquenté le passage de l'Opéra - Aragon est décédé en 1982 -, il ne reste plus qu'à reproduire en esprit sa configuration et l'ambiance qui en faisait un passage animé et plein de surprises avec son "perpétuel va-et-vient de gens de tous pays et de toutes les conditions qu'arrêtent au passage les boniments fantastiques de rusés camelots et que regardent nonchalamment défiler les placides consommateurs assis à la terrasse des cafés". (2) Mais après tout, que vaudraient souvenirs, descriptions et anecdotes rapportées par celles et ceux qui ont déambulé dans le passage de l'Opéra au début des Années folles, après tant de décennies mortifères pour la mémoire et la restitution de la vérité vraie. Mais puisque je vous dis que la marchande de chapeaux était à côté du salon de coiffure pour hommes ! Le passage de l'Opéra, je l'ai bien connu, moi, j'y étais, diraient quelques personnes bien intentionnées qui s'érigeraient en mémoires du vieux Paris disparu, croyant par leurs affirmations erronées pouvoir impressionner leur auditoire puisqu'elles ZY étaient, avoir un ascendant sur celles et ceux qui ne l'auraient pas connu mais affirmant avec aplomb des détails imprécis voire inexacts confondant sans doute avec d'autres passages de ce quartier ou ayant rêvé des détails pourtant vus de leurs yeux vus. Comme avec le temps, va, tout s'en va, laissons donc ce passage devenir le passage de l'Opéra onirique. Laissons-nous guider - bien que le livre d'Aragon n'est pas un guide touristique façon Baedeker -, par sa lecture tout en dessinant soi-même ses contours par des détours propres à réinventer les maillons qui, mis bout à bout, formaient cet ensemble appelé passage de l'Opéra.

 

Les passages invitent à la flânerie. On ne peut parfois qu'y passer... vite. Certes. Mais on peut s'y arrêter aussi, aller de vitrine en vitrine se laissant aller à la découverte de marchandises, de nouveaux produits, de nouveaux objets que l'on n'a toutefois nulle intention d'acquérir mais que l'on regarde pour le seul plaisir de les regarder. Flâner, baguenauder, marcher sans but. "En 1839, a écrit le philosophe allemand Walter Benjamin, il était élégant d'emmener une tortue quand on allait se promener. Cela donne une idée du rythme de la flânerie dans les passages." (3) Dans un passage, on prend le temps, son temps. Pas de circulation automobile, pas de feux tricolores, pas de bousculade, peu de bruit. Les passages sont des chapelles où le verbe n'est jamais haut. On marche jusqu'à la sortie opposée et tiens, il pleut !, alors on revient sur ses pas, jusqu'à l'autre ouverture, celle qui déploie ses grilles sur le boulevard. Le passage est un parapluie, un passe-temps, une attractive distraction. Le passage protège contre les agressions de la ville, la foule pressée qui ne regarde rien ni personne, le tintamarre des klaxons, le vrombissement des moteurs. Dans un passage, on s'arrête, on regarde, on imagine. "La fantasmagorie du flâneur : déchiffrer sur les visages la profession, l'origine et le caractère." (3) Certains y viennent dans un but précis. Pour se faire tailler la barbe, les cheveux ou un costume, pour prendre une consommation, un repas, une collation dans un établissement qui offre des five o'clock à toute heure, des sandwiches variés, des pâtisseries gourmandes, pour acheter des mouchoirs et des chapeaux, pour écouter le dernier tango à la mode chez le marchand de musique, pour prendre une chambre dans le petit meublé banal et sordide du deuxième étage - eau chaude, eau froide et électricité à tous les étages - avec des chambres aux lavabos fuyards, aux cloisons moisies, aux tentures cramoisies, chambres tout confort où ont habité Marcel Noll et Charles Baron - amis d'Aragon - que l'on pouvait louer à la semaine ou au mois, petit garni au-dessus d'une maison de passe ou maison de tolérance mais cette dernière expression "ne peut se prononcer sérieusement" précise l'auteur. Car "ces galeries avaient la réputation d'être un lieu de galante compagnie", nous rappelle Jacques Hillairet dans son Dictionnaire historique des rues de Paris. Le luxueux hôtel de Monte-Carlo qui donnait sur la rue Chauchat, souhaitant préserver intacte sa réputation auprès des touristes locaux et étrangers ne se gênait pas pour affirmer "qu'il n'a rien à voir avec le meublé du passage". L'entrée de cet établissement de perdition (pas ce dernier mais l'autre ) par conséquent interdit aux moins de 21 ans se trouvait à proximité d'un marchand de cannes et du café Le Petit Grillon où Aragon avait ses habitudes, y ayant souvent joué aux cartes avec des amis durant des soirées entières. Mais c'est au Certa (téléphone : Louvre 54 49), café se trouvant dans la galerie parallèle mais appartenant au même gérant, que les Dadas se retrouvaient pour préparer leurs futurs quatre cents coups, happenings qu'ils trouveraient hilarant mais scandaleux pour le public et leurs victimes déjà lassés de leurs frasques. C'est dans la salle du Certa, enfoncés dans la banquette de moleskine ou perchés sur les sièges disposés autour de tonneaux que les Dadas ont un jour imaginé de donner des notes, comme à la maternelle, à des personnalités mortes ou vivantes selon leurs goûts ou leurs dégoûts, bien souvent au hasard. "C'est ce lieu où vers la fin de 1919, un après-midi, André Breton et moi décidâmes de réunir désormais nos amis (...) par goût aussi de l'équivoque des passages, et séduits sans doute par un décor inaccoutumé qui devait nous devenir si familier." Le Certa proposait une carte généreuse de boissons alcoolisées, bières, liqueurs, cocktails, un "porto rouge ordinaire, qui vaut deux francs cinquante". (4) Mais le Certa, plutôt celles et ceux qui y travaillaient et y servaient y passaient dans la crainte leurs derniers moments dans cet établissement créé il y a quelques décennies. Les marteaux piqueurs, les bulldozers, les pelleteuses viendraient bientôt se mettre en mouvement et faire disparaître le passage de l'Opéra et ses alentours malgré la virulente protestation des commerçants, des hôteliers et des gérants de sociétés. Contre les promoteurs encouragés par de grosses firmes (qu'Aragon cite mais dont les noms ici seront tus) un organe de défense des intérêts économiques du quartier de la Chaussée-d'Antin dirigé par Jean-Georges Berry (fils de Georges Berry, député du 9ème arrondissement de 1893 à sa mort en 1915) vit le jour, mais rien n'y fit, le passage de l'Opéra, ses boutiques, ses restaurants, ses cafés, ses hôtels, ses bureaux et son théâtre Moderne - créé en 1904 - où l'on jouait des pièces de série C et où l'on y voyait tout au plus "trente spectateurs les jours d'affluence", seront condamnés à disparaître et leurs propriétaires expropriés avec des indemnités de misère, en tout cas bien en deçà du prix des pas-de-porte référencés dans le quartier. Malgré des recours en justice, toutes et tous durent partir, trouver un emploi ailleurs (mais à cette époque il suffisait de traverser la rue pour en trouver un, n'est-ce pas ? Suivez mon regard !), refaire une autre vie sous d'autres latitudes. Toutes et tous entendaient déjà les démolisseurs approcher. "Cette araignée légendaire, déjà ils savent que c'est en janvier 1925 qu'elle les étouffera." Cet endroit deviendra alors le fantôme de l'Opéra.                                       

 

 

(1) Les phrases en italique sont issues du livre de Louis Aragon intitulé Le passage de l'Opéra paru aux Editions Gallimard en 1926 et réédité à plusieurs reprises depuis, dont récemment chez Folio en 2022. 

(2) Citation du Guide Conty : Paris en poche (1909) lue dans le livre Paris en cartes postales anciennes - Louvre-Bourse de Georges Renoy édité à la Bibliothèque Européenne/Zaltbommel en 1973. La librairie des Guides Conty se trouvait à la Belle Epoque à l'emplacement du numéro 4 actuel du boulevard des Italiens.

(3) Paris, capitale du XIXème siècle par Walter Benjamin (Cerf, 1989)

(4) A boire avec modération. Les Dada m'ont demandé de spécifier que l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.           

     

Passage Choiseul (2ème arrondissement) où au n°67 Marguerite Destouches a acquis en 1899 un fonds de commerce, magasin d'objets et de curiosités. Son fils, Louis Ferdinand futur Céline avait 5 ans.

Passage Choiseul (2ème arrondissement) où au n°67 Marguerite Destouches a acquis en 1899 un fonds de commerce, magasin d'objets et de curiosités. Son fils, Louis Ferdinand futur Céline avait 5 ans.

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30 janvier 2024 2 30 /01 /janvier /2024 10:03

 

 

Le dimanche 4 février 2024 à 16 heures, dans la superbe église de Toulouges (département des Pyrénées-Orientales), la voix rare et profonde de la contralto Catherine Dagois s'unira à la sonorité de l'extraordinaire orgue orchestre de Edgar Teufel pour un après-midi lumineux et joyeux en prélude au printemps. Ce récital intitulé Chants de l'âme mêlera la ferveur de la musique sacrée et la passion de l'art lyrique. Ensemble et intensément, Catherine Dagois et Edgar Teufel interpréteront de la musique sacrée comme le Libera Me extrait du célèbre Requiem de Gabriel Fauré ainsi que de surprenants joyaux dont un Spiritual et un Chant à Marie. 

 

2024 est l'année du centenaire de la mort de Gabriel Fauré (né à Pamiers - Ariège - en 1845 et décédé à Paris le 4 novembre 1924). Doué pour la musique, Gabriel Fauré fut envoyé dès l'âge de neuf ans à l'école Niedermeyer (du nom du compositeur Louis Niedermeyer (1802-1861) qui a formé, outre Gabriel Fauré, André Messager et Claude Terrasse) puis plus tard étudia sous la férule de Camille Saint-Saëns. Organiste à Rennes, il sera ensuite nommé titulaire du grand orgue de l'église de la Madeleine à Paris où l'on venait écouter ses improvisations sensibles et généreuses. En savant pédagogue, il forma des compositeurs comme Maurice Ravel, Charles Koechlin et Nadia Boulanger. 

L'oeuvre pour piano de Gabriel Fauré se compose de barcarolles - composées entre 1881 et 1921 -, de nocturnes, d'impromptus ainsi que de romances sans paroles et de préludes. Son oeuvre pour violoncelle et piano comporte des sonates, des sérénades, des berceuses. Il a aussi mis en musique des poèmes de Théophile Gautier, de Catulle Mendès (gendre du précédent), de Victor Hugo, d'Albert Samain, de Baudelaire comme en 1879 Chant d'automne, La Rançon et Hymne. Il a aussi composé de la musique religieuse parmi laquelle deux Messes : Messe basse pour voix de femmes et orgue et Messe de Requiem

Pour la petite histoire, il épousa la fille du sculpteur Emmanuel Frémiet (lui-même neveu de François Rude et ami de Camille Saint-Saëns) et eut deux fils, Emmanuel et Philippe*.

 

Le récital de Canticel est avec libre participation. Des disques seront en vente à la fin du concert.

Plus d'informations sur le site internet de Canticel et/ou au 04 68 81 36 71.

 

 

* Source : Histoire de la Musique par Emile Vuillermoz (F. Brouty, J. Fayard et Cie, 1949)

            

 

Le duo Canticel : Catherine Dagois (contralto) et Edgar Teufel (organiste)

Le duo Canticel : Catherine Dagois (contralto) et Edgar Teufel (organiste)

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11 janvier 2024 4 11 /01 /janvier /2024 16:29

 

 

                                         1924  

 

 

Une nouvelle année commence. Une année qui sera riche en événements. Année électorale en France (élections sénatoriales en janvier, élections législatives en mai et élection présidentielle en juin) et aux Etats-Unis (élection présidentielle en novembre). Installation au 10 Downing Street d'un nouveau Prime Minister. Une année vouée au sport : 1924, année de deux olympiades, une en hiver, l'autre en été. Que la paix soit sur le monde ! Que la réconciliation entre les peuples soit le credo de cette année 1924 ! "Depuis le Traité de Versailles, voici enfin le premier tournant heureux en politique internationale." (1)

 

 

Janvier - £1 = 96 francs ; $1 = 19 francs.

14 janvier - Première réunion permettant de mettre au point le plan Dawes consacré aux Réparations, plan que le gouvernement français acceptera le 18 avril. L'Allemagne devra payer d'abord une somme annuelle d'1 milliard de marks, somme qui montera progressivement jusqu'à la fin des années 20 à 2 milliards 500 millions de marks.

22 janvier - Pour la première fois un travailliste, Ramsay Mac Donald, entre au 10 Downing Street (résidence officielle du Prime Minister en Angleterre depuis 1731) à la suite des élections générales de décembre 1923 qui ont vu la défaite des Conservateurs. 

  

25 janvier-4 février - Premiers Jeux Olympiques d'hiver qui se déroulent à Chamonix.

 

Janvier - Les élections sénatoriales (renouvellement d'un tiers du Sénat) marquent un glissement vers la gauche à quatre mois des élections législatives.

 

12 février - Création dans une salle de concert de New York (sur la 42ème Rue) de Rhapsodie in Blue (for Jazz band and piano) de George Gershwin. "Il y a des idées et des façons de jazz dans cette partition appuyée sur un fond de musique classique d'imprégnation romantique. Le piano a le rôle conducteur et souvent la clarinette dialogue avec lui." (2) En novembre 1924, George Gershwin présentera au public un spectacle intitulé Lady, Be Good ! composé pour Fred Astaire et sa soeur Adele sur des textes de Ira Gershwin. Parmi les chansons écrites pour ce spectacle, il y avait The man I love insérée dans l'acte I puis déplacée dans l'acte II et finalement supprimée avant la création du show à New York mais reprise dans un autre spectacle, Strike Up the Band, trois ans plus tard. 

18 février - Le musicien Leon "Bix" Beiderbecke qui vient d'intégrer le Wolverine Jazz Band, formation dirigée par le pianiste Dick Voynow, enregistre deux titres dans un studio de Richmond (Indiana, USA) : Fidgety Feet et Jazz Me Blues.

25 février-8 mars - Exposition d'oeuvres d'André Masson à la galerie Simon (Kahnweiler), 29bis rue d'Astorg (Paris 8ème).      

Mars - Alors que sort en librairie son dernier ouvrage intitulé Le Libertinage, Louis Aragon (26 ans) commence l'écriture du suivant qui sera publié sous le titre Le paysan de Paris et dont une partie est consacrée au passage de l'Opéra.

 

Ça c'est Paris... Paris, reine du monde, chantée par Mistinguett, Ville-Lumière qui se renouvelle sans cesse, capitale qui accueillera dans quelques mois les Jeux Olympiques d'été, Paris est en cette année 24, en pleine transformation, en pleine mutation, en plein bouleversement. Depuis Haussmann et l'ouverture de nombreux boulevards, de nombreuses avenues, la construction de l'Opéra, l'île de la Cité transfigurée, le mur des Fermiers-Généraux démoli à partir de 1859, puis après le Second Empire, l'Exposition universelle de 1889 et l'inauguration de la Tour Eiffel, puis celle de 1900 et la construction du Grand-Palais et du Petit-Palais en lieu et place du Palais de l'Industrie ainsi que la construction de la gare d'Orsay en remplacement du palais d'Orsay incendié en 1871, jusqu'à la démolition de l'enceinte fortifiée de Thiers (1844) entre 1920 et 1924... Bref, Paris constamment se refond, se réforme, se reforme. 

 

Au printemps 1924, entre ventôse et germinal, Louis Aragon entreprend de nous emmener à la découverte du passage de l'Opéra dont le texte paraîtra en feuilleton durant l'été suivant dans La Revue européenne dirigée par Philippe Soupault. Au moment où il rédige ce texte, le passage de l'Opéra est voué à la démolition. Dans quelques mois, voire quelques semaines, il n'accueillera plus les chalands venus y faire quelques emplettes, les consommateurs habitués à siroter un apéritif ou une bière tout en parcourant l'édition du soir de leur journal favori, les têtes brunes ou blondes souhaitant changer de coiffure et/ou se faire tailler la barbe, les philatélistes en herbe ou confirmés, les spectatrices et spectateurs du théâtre Moderne, les touristes ou business.wo.men regagner leur chambre d'hôtel avec ou sans malles, les passants surpris par une averse venus se mettre à l'abri dans les galeries parallèles qui formaient le passage de l'Opéra décrit par Aragon : la galerie du Baromètre et la galerie du Thermomètre. (3) 

Ouvert en 1822 sur le terrain qui entourait un hôtel particulier du 18ème siècle (qu'a remplacé un immeuble d'habitation au début des années 1920 au 1 de la rue Drouot ), le passage de l'Opéra menait depuis le boulevard des Italiens au théâtre de l'Opéra de la rue Le Peletier (ancêtre de l'Opéra Garnier). Paris, dans ses Ier, IIè, VIIIè et IXè arrondissements, comptait alors et compte encore de nombreux passages couverts (passage des Panoramas, passage Jouffroy, passage Verdeau, passage Choiseul) appelés aussi galeries (galerie Vivienne, galerie Colbert, galerie Véro-Dodat, galerie de la Madeleine). Certains de ces passages, tous ouverts au 19ème siècle, ont disparu comme le passage de l'Opéra (en 1924) pour permettre au boulevard Haussmann de déboucher sur le carrefour Richelieu-Drouot, le passage du Saumon (en 1899) qui a fait place à la rue Bachaumont (2ème arrondissement) ou encore le passage du Pont-Neuf (en 1912) remplacé par la rue Jacques Callot (6ème arrondissement). (4) 

Intéressons-nous à un quadrilatère dont les côtés s'appelleraient boulevard des Italiens, rue Laffitte, rue Rossini et rue Drouot. "Le boulevard Haussmann est arrivé aujourd'hui rue Laffitte", disait l'autre jour l'Intransigeant" écrit Louis Aragon dans Le passage de l'Opéra. Le boulevard Haussmann qui s'étire de la rue Drouot à la rue du faubourg Saint-Honoré sur une longueur d'environ 2,5 kilomètres a été ouvert en plusieurs étapes, la dernière, dans les années 1920, permettant, comme on l'a vu plus haut, à celui-ci d'atteindre le carrefour Richelieu-Drouot en faisant disparaître nombre d'immeubles des rues Laffitte, Drouot et du boulevard des Italiens, ce dernier ayant vu ses 14 premiers numéros pairs tombés sous la pioche des démolisseurs. L'immeuble où se trouvait la galerie de Ambroise Vollard, au 6 de la rue Laffitte, ne fut pas épargné, obligeant le marchand d'art à s'installer ailleurs, en l'occurrence rue de Martignac dans le 7ème arrondissement. S'exilèrent aussi Gustave Tempelaere qui avait sa galerie au 36 de la rue Laffitte et la galerie Durand-Ruel qui était au 16 de la dite rue et qui se déplaça au 37 de l'avenue de Friedland (8ème arrondissement). Comme l'a écrit Ambroise Vollard dans Souvenirs d'un marchand de tableaux, "la rue des tableaux, aujourd'hui, ce n'est plus la rue Laffitte". (5) 

Ambroise Vollard et ses confrères de la rue Laffitte ont sans doute bien connu le passage de l'Opéra. Sur l'actuel n°12 du boulevard des Italiens, il s'ouvrait, entre un café et une librairie en deux galeries parallèles et menait jusqu'à la rue Rossini que bordait jusqu'en 1873 la façade nord de l'Opéra de la rue Le Peletier, avec un débouché sur la rue Chauchat. Ce passage ayant disparu il y a tout juste cent ans, j'aurais apprécié en voir quelques photos dans d'anciens et précieux livres. Je pense d'abord à un livre consacré aux photographies de Paris prises par Eugène Atget entre 1898 et 1926 (publié chez Taschen/Bibliotheca Universalis en 2016). Mais Atget ne m'est d'aucun secours. Je veux dire le livre consacré à Atget ne m'est d'aucun secours, aucune photo du passage de l'Opéra n'y figurant. Cependant, une photo - page 231 - du passage de la Sorbonne situé à hauteur du 15 de la rue Champollion dans le 5ème arrondissement - passage disparu lui aussi - pourrait me donner une vague idée de ce que put être celui de l'Opéra. Un passage d'une largeur d'environ 3,70 mètres, largeur identique à celles des deux galeries principales du passage de l'Opéra, galerie bordée de boutiques et couverte d'un toit pentu transparent. Dans le livre intitulé Paris en cartes postales anciennes - Louvre-Bourse par Georges Renoy (paru à la Bibliothèque Européenne-Zaltbommel en 1973), la photo n° 112 présente une vue plongeante sur le boulevard des Italiens prise à la Belle Epoque. Si il est difficile de déchiffrer les enseignes des commerces, hôtels et sociétés arborées sur les façades paires du boulevard, une marquise qui se détache de la façade d'un immeuble à hauteur du deuxième étage pourrait avoir été l'entrée du passage qui nous intéresse. Indice intéressant ou fausse piste ? En tout cas, ce n'est pas l'auteur belge francophone qui me renseignera puisque celui-ci est décédé en mai 2001. Je me plonge alors dans un ouvrage intitulé Promenades dans le Paris disparu de Leonard Pitt - écrivain et dramaturge américain - paru chez Parigramme en 2002. Mais l'ouvrage ne traite pas du Paris de la Nouvelle-Athènes en particulier et du 9ème arrondissement en général. Peut-être existe-t-il un autre tome du même auteur ? Quoi qu'il en soit, comme tout un chacun, je me tourne vers le surpuissant internet qui par son intelligence supérieure qui je l'espère n'est pas artificielle me donne à voir trois clichés du passage de l'Opéra pris par Charles Marville (décédé en 1879), le photographe du Paris qui allait disparaître, le photographe d'un Paris disparu, je veux dire du Paris d'avant Haussmann. Mais puisque les photos ne donnant que peu de détails sur ce que fut le passage de l'Opéra et ne restituant ni sa quintessence, ni son émanation, ni ce qu'il avait d'essentiel, de spécifique, retournons à la lecture du texte d'Aragon pour en découvrir davantage. (suite au prochain chapitre)                                     

              

28 mars-17 avril - Exposition intitulée Oeuvres nouvelles de Picasso à la galerie Paul Rosenberg, rue La Boétie (Paris).

 

Mars - £1 = 127 francs. Afin d'enrayer la chute du franc, Raymond Poincaré prend des décisions par décrets-lois, c'est-à-dire sans vote du Parlement : augmentation des impôts, renforcement du contrôle fiscal, réalisation d'un milliard d'économies. 

 

 

(1) Citation lue dans Vingt ans de suspense diplomatique par Geneviève Tabouis (Editions Albin Michel, 1958).

(2) Extrait du programme du concert donné par l'orchestre des Concerts Colonne le 24 février 1974 au théâtre du Châtelet (Paris)

(3) Tandis qu'Aragon parle du passage de l'Opéra comme étant formé de deux galeries, celle du Baromètre et celle du Thermomètre, reliées entre elles par deux traverses, Jacques Hillairet, dans son Dictionnaire historique des rues de Paris (ouvrage en deux volumes paru aux Editions de Minuit en 1963), parle lui des galeries du Baromètre et de l'Horloge sans mention de la galerie du Thermomètre, cette dernière ayant peut-être été une galerie perpendiculaire aux deux autres.    

(4) Le 26 mars 1926 ouvrira au 16 de la rue Jacques Callot, la Galerie Surréaliste avec une exposition intitulée "Tableaux de Man Ray et Objets des Iles". 

(5) Souvenirs d'un marchand de tableaux par Ambroise Vollard (Editions Albin Michel et Les Libraires Associés, Paris, 1957)

 

En italique sont des phrases issues du livre de Louis Aragon Le paysan de Paris publié chez Gallimard en 1926 et disponible chez Folio.

 

              

En 1924, les gramophones jouent les airs de George Gershwin.

En 1924, les gramophones jouent les airs de George Gershwin.

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26 décembre 2023 2 26 /12 /décembre /2023 10:12

 

 

Après les agapes du réveillon et du 25 décembre, nous nous réveillons ce matin, les yeux encore tout émerveillés par les cadeaux ouverts à minuit au pied du sapin. Des cadeaux que nous nous apprêtons à revendre via des plateformes internet : un jouet reçu en double, un jeu vidéo zarbi, un livre chelou, un cadeau non conforme à ses besoins, etc. Peut-être un outil électrique pour bricoleur amateur dont la notice d'utilisation a été rédigée par une intelligence très artificielle stipulant que l'engin ne doit être utilisé qu'avec des lunettes adaptées (non fournies) et seulement en extérieur et que - très important - il ne faut pas mettre la batterie de recharge au micro-ondes. Bref, des présents reçus la veille et qui sont, à nos yeux moins émerveillés après leur déballage, déjà obsolètes et/ou inappropriés. Mais éloignons-nous du sapin et de ses décorations pour un petit retour en arrière.

 

A Perpignan, a eu lieu, le 16 courant, une bénédiction du Muscat avec, dixit le programme des festivités du mois de décembre 2023 "Noël à Perpignan", une "animation musicale la cobla Les Casanoves". La dite cobla (fanfare en catalan) a effectivement joué différents airs par les rues et les places du centre-ville jusqu'à la place Gambetta communément appelée place de la Cathédrale. Parmi ces airs, j'ai eu la joie mêlée de surprise d'entendre le célèbre When the Saints go Marching in, un traditionnel couramment interprété durant le carnaval de La Nouvelle-Orléans et que l'on peut entendre dans un film d'Arthur Lubin tourné dans les années 1940 et sobrement intitulé New Orleans avec Arturo de Cordova, Dorothy Patrick, Louis Armstrong (and his band) et Billie Holiday. En ce jour du 16 décembre 2023, la Louisiane et la Catalogne étaient enfin réunies !

 

Le 9 dernier était dévoilé au musée d'Art Hyacinthe Rigaud de Perpignan un tableau représentant Louis XIV en grand costume royal peint vers 1702, non attribué au peintre né à Perpignan en 1659 mais à une "Ecole française du XVIIIème siècle, atelier de Hyacinthe Rigaud", acquisition faite cette année par la Ville de Perpignan avec l'aide du Fonds du Patrimoine et les Amis du Musée Rigaud. Le cartel placé à côté du tableau détaille la posture et les habits du Roi Soleil et indique "l'âge avancé du modèle", 63 ans, et, c'est là que le bât blesse, précise qu'il s'agissait alors d'un vieillard car, aux 17ème et 18ème siècles, on ne parlait pas de personne du 3ème voire du 4ème âge, appellations non encore inventées par de Précieuses ridicules. 63 ans, âge de vieillard, de vieux, de vioc, de type plus dans le coup, plus in, plutôt out, hors jeu, dépassé par les événements et le progrès (qu'on n'arrête pas), inapte à comprendre l'Intelligence Artificielle... Et dire qu'il faudra travailler jusqu'à 64 ans pour percevoir une pension de rêve !

 

L'Intelligence Artificielle, revenons-y ! J'entends un soir à la tv que l'on a pu grâce à elle poser quelques questions à Van Gogh (sur sa vie, sa fin, son oeuvre) et reproduire sa voix - les questions ne devant pas rester sans réponses - après étude de la corpulence et de l'âge de l'individu. Le poète Bernard Dimey (décédé en juillet 1981) avait anticipé l'Intelligence Artificielle et les interviews avec des personnes enterrées depuis belle lurette dans son poème Je ne dirai pas tout* par ces mots que le peintre hollandais aurait pu lui aussi prononcer et dont voici un extrait :

J'aurai, j'en suis certain, de l'intérêt plus tard,

vous aurez des machines à faire parler les morts,

(...) et je vous offrirai des mensonges parfaits

que vous mettrez en vers, en musique, en images...

 

Une nouvelle Miss France a été récemment élue. Son élection a donné lieu à de nombreux commentaires, de nombreuses polémiques, de nombreuses controverses diffusées sur les réseaux sociaux, comme il est habituel de préciser. Que ne dit-on pas sur les réseaux sociaux ?! Pour une fois cependant, on n'a parlé ni de tour de taille, ni de tour de poitrine mais de coupe de cheveux, sans doute pour se remémorer une chanson des années 1920, Elle s'était fait couper les cheveux qui dit - je cite de mémoire, mais enfin n'allez pas croire que j'étais né en 1924 parce que, non, je ne suis pas un vieillard de 63 ans comme Louis XIV - parce que c'est la mode commode, elle s'était fait couper les cheveux en disant ça m'ira beaucoup mieux...

 

Chez un bouquiniste, certainement un de ceux qui seront virés des bords de Seine en juillet prochain et expédiés vers une destination inconnue, en tout cas pas encore révélée sur les réseaux sociaux, je vois un livre d'entretiens en castillan - paru en français sous le titre Les Aveux inavouables - et dont un des chapitres commence par Como ganar dinero. Il s'agit d'une conversation à bâtons rompus avec Salvador Dalí recueillie par André Parinaud, celui-là même qui, pour la Radiodiffusion française, a interviewé à la même époque, c'est-à-dire aux alentours de 1951, André Breton qui appelait le peintre catalan du doux nom d'Avida Dollars, le chef de file surréaliste (un mot décidément indémodable) reprochant à Dalí d'évoluer vers de la peinture trop commerciale. Je n'ai pas acheté le livre. 

 

Et pour conclure ce chat sur les réseaux sociaux, j'ai vu dans la vitrine d'un magasin de cadeaux une plaque émaillée sur laquelle était écrit : Time spent with books and cats is never wasted. Livres, chats, chapitres... Vivent les bouquinistes ! Vivent les livres et la lecture ! Vivent les chats ! Mais "chat" vous l'écrivez en français ou en anglais ?

 

Aujourd'hui Boxing Day : l'article est dans la boîte !           

 

 

 

* Je ne dirai pas tout, poème de Bernard Dimey a été édité chez Christian Pirot en 1991.

    

                               

Lever de soleil (8h31) sur Noël 2023

Lever de soleil (8h31) sur Noël 2023

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14 décembre 2023 4 14 /12 /décembre /2023 09:53

 

 

Le samedi 16 décembre 2023 à 14 heures 30, Nicole Yrle nous parlera lors d'une rencontre littéraire et musicale qui aura lieu dans la salle Pons (Port Cipriano) à Saint-Cyprien-Plage (Pyrénées-Orientales) de son dernier livre intitulé Francisco Ortiz Torres "Honor y Gloria", présentation et lecture illustrées en musique par le guitariste Juan Francisco Ortiz, fils du héros de cette biographie parue au début de l'été chez Cap Béar éditions.

 

Juan Francisco Ortiz a souvent eu l'honneur de jouer en public lors de concerts donnés à la mémoire de son père - décédé le quatre juillet 2013 -, ancien combattant et rescapé du camp de Mauthausen, comme lors d'un récital de guitare à la Maison de la Catalanité (Perpignan) en 2019, Mauthausen Matricule 4245, avec un "programme pensé pour les célébrations du 80° anniversaire de la Retirada" racontant "le cheminement de son père et de ses compagnons et rend hommage à des personnalités comme F. Garcia Lorca, Miguel Hernandez et Antonio Machado". (1) Le guitariste a aussi été invité à jouer dans le camp même de Mauthausen, en 2015, pour le 70ème anniversaire de la libération du camp. Après avoir combattu dès juillet 1936 aux côtés des Républicains, le jeune Francisco Ortiz Torres quitta l'Espagne par la montagne en février 1939 : "Beaucoup de soldats républicains passèrent par les Pyrénées, malgré la neige et le froid. Deux cent cinquante mille d'entre eux entrèrent en France" (2), nous rappelle Nicole Yrle dans son livre. Le 3 septembre 1939, la France déclarait la guerre à l'Allemagne. Francisco Ortiz Torres, "homme épris de liberté, républicain dans l'âme, (...) rejoindra l'armée française pour continuer à défendre son idéal de liberté." Avec quelques camarades, "le combattant Francisco Ortiz fut capturé au bord de la Somme", puis de camps en camps, de convois en convois, en avril 1941, il fut mené vers le "SS Konzentrationslager Mauthausen". "Son internement au camp d'extermination de Mathausen n'effacera pas sa combativité, au contraire il puisera dans cet univers inhumain la force de tenir debout face à l'abject !" Neuf longues années après son départ pour le front en Andalousie, Francisco Ortiz Torres retournera en France en juin 1945 et s'y mariera. Un fils naîtra en septembre 1947 : Juan Francisco Ortiz. C"est lors d'un séjour sur la terre de sa famille que le jeune Juan Francisco (âgé de 13 ans) acheta, à Valencia, une guitare remarquée dans "la vitrine d'un important magasin de musique, la Casa Penadès. Des guitares étaient exposées. Irrésistiblement attiré, il les contemplait". Par la suite, il étudia avec Ramon Cueto, Ida Presti et Alexandre Lagoya et Andrés Segovia entre autres. (...) Il développe depuis une vingtaine d'années une carrière internationale qui le mène dans de nombreux pays. (...) Il joue dans les maisons natales de Claude Debussy à Saint-Germain-en-Laye, Miguel Hernandez à Orihuela, Federico Garcia Lorca à Fuentes Vaqueros, au musée Andrés Segovia de Linares (Espagne). (...) Membre du jury du concours Vicente Ascenció à Valencia, du concours Andrés Segovia à Linares, ils est nommé Président du jury du concours Luis Milan à l'Olleria en Espagne et du concours national de Pachuca au Mexique." (3) 

Professeure de Lettres Classiques à Lyon et à Perpignan où elle a terminé sa carrière, Nicole Yrle a publié depuis le début des années 2010 plusieurs romans et nouvelles dont, en deux tomes, une biographie de François de Fossa, compositeur et guitariste né à Perpignan en 1775 sous les titres L'Exil d'un virtuose et Variations en Clair-Obscur.               

 

Cette rencontre littéraire et musicale organisée en partenariat avec l'association Plaisir de lire est en entrée libre et gratuite.  

 

 

(1) Extrait du programme du récital de guitare Mauthausen Matricule 4245 donné par Juan Francisco Ortiz à la Maison de la Catalanité (Perpignan) le 27 février 2019.

(2) Francisco Ortiz Torres "Honor y Gloria" par Nicole Yrle (Cap Béar éditions, 2023). Les phrases en italique sont tirées de ce livre, sujet de la rencontre littéraire et musicale qui aura lieu à Saint-Cyprien ce samedi.

(3) Extrait du programme du concert François de Fossa, un guitariste Perpignanais du 18ème siècle donné le mardi 8 mars 2016 à l'auditorium John Cage du Conservatoire à Rayonnement Régional Perpignan Méditerranée. 

       

Rencontre littéraire et musicale à Saint-Cyprien-Plage
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13 décembre 2023 3 13 /12 /décembre /2023 10:03

 

 

Grâce à l'initiative du Lions Club Doyen Côte Radieuse, le duo Canticel offrira le dimanche 17 décembre 2023 à 16 heures un concert pour un Noël solidaire en la très belle église Sainte-Eulalie et Sainte-Julie d'Alénya (Pyrénées-Orientales). Avec une mise en lumière et en espace restituant l'histoire magique et mystérieuse de Noël et dans l'esprit de la crèche vivante, la contralto Catherine Dagois mêlera sa voix profonde et rare à celle de l'orgue de Edgar Teufel pour conter ces moments merveilleux que sont la Nativité et l'Annonciation jusqu'à l'arrivée des Rois mages, à travers les plus beaux chants sacrés de Haendel à Bizet et d'autres, d'inspiration religieuse, issus de nombreux pays de l'Argentine à la Catalogne.

 

Canticel : "Cant" comme chant en catalan, la Catalogne étant la patrie de coeur de ce duo composé de la contralto Catherine Dagois et de l'organiste virtuose Edgar teufel. Ce duo est unique par l'originalité de sa formation et l'immense étendue de son répertoire qui va de la Renaissance à la création contemporaine. Elle - Catherine Dagois - née dans une famille d'artistes, a révélé très tôt une voix rare de contralto dramatique et après une licence de musicologie à Toulouse et l'obtention d'un diplôme de soliste au Conservatoire supérieur de Stuttgart (Allemagne) elle a enchaîné les engagements qui l'ont fait se produire dans de grandes salles dont l'Opéra Bastille. Lui - Edgar Teufel - après de brillantes études au Conservatoire supérieur de Stuttgart a obtenu les diplômes d'organiste, pianiste, musicologue et chef d'orchestre. Il a fondé l'orchestre de jeunes de Sigmaringen qu'il a dirigé durant de nombreuses années. Ensemble ils se sont produits dans les plus belles salles du monde sur quatre continents (France, Allemagne, Canada...) ainsi que dans les plus belles églises et cathédrales. Ils ont enregistré de nombreux disques sur plusieurs labels. Ils ont aussi longtemps travaillé avec la compositrice d'origine polonaise Joanna Bruzdowicz, qui après avoir été l'élève de Nadia Boulanger et d'Olivier Messiaen, a composé des symphonies et des concertos ainsi que des musiques de films dont celle de Sans toit ni loi d'Agnès Varda. Ensemble ces Catalans de coeur et d'adoption ont pour passion de faire partager la musique qu'ils aiment dans les plus beaux lieux du riche patrimoine des Catalognes Nord et Sud.        

 

Entrée avec libre participation pour l'achat de jouets et l'envoi de colis en faveur d'enfants de familles en difficulté.

 

Plus de renseignements sur le site internet de Canticel

et /ou au 06 31 78 69 76

 

Concert suivant pour le Nouvel An et l'Epiphanie le dimanche 7 janvier 2024 à 16 heures en l'église Saint-André de Bages (Pyrénées-Orientales).

 

Bonnes fêtes de fin d'année à toutes et à tous.

       

Concert pour un Noël solidaire à Alénya par Canticel ce dimanche
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8 décembre 2023 5 08 /12 /décembre /2023 15:18

 

 

 

Le dimanche 10 décembre 2023 à 16 heures, le duo Canticel donnera un concert de Noël en l'église Notre-Dame del Prat d'Argelès-sur-Mer (Pyrénées-Orientales).

 

Canticel c'est la sonorité rare et profonde de la voix de contralto de Catherine Dagois et celle de l'exceptionnel orgue-orchestre de Edgar Teufel. Le duo s'est produit dans les plus grandes salles de vingt-cinq pays sur quatre continents car la musique est sa vie. A l'occasion des fêtes de fin d'année et dans l'esprit de la crèche vivante, Canticel nous racontera avec mise en lumière et en espace l'histoire merveilleuse, mystérieuse et magique de Noël à travers de célèbres oeuvres de musique sacrée, des plus beaux chants anciens du Grand Sud jusqu'à l'Occitanie et la Catalogne ainsi qu'un superbe florilège de chants de Noël créé par Edgar Teufel.

 

L'église Notre-Dame del Prat d'Argelès-sur-Mer (rue de la République) dédiée à la Vierge est reconnaissable à son clocher visible de loin. Construite entre la fin du 13ème siècle et le courant du siècle suivant, elle possède de véritables trésors : des tableaux et des oeuvres du 15ème siècle, exemples parfaits de la Renaissance catalane. Son clocher, le plus haut du département des Pyrénées-Orientales puisqu'il culmine à 34 mètres est classé aux Monuments Historiques. Vous remarquerez que l'église, contrairement aux édifices religieux habituels, a son choeur orienté à l'Ouest, sa façade à l'Est. Cette différence tient au fait que le choeur originel ayant été détruit lors d'un tremblement de terre, celui-ci a été rebâti près du clocher au 17ème siècle.

 

Concert de Canticel gratuit avec libre participation.

 

Plus d'informations sur le site internet de Canticel et/ou au 04 68 81 36 71.

         

Canticel : Catherine Dagois, contralto et Edger Teufel, organiste.

Canticel : Catherine Dagois, contralto et Edger Teufel, organiste.

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7 décembre 2023 4 07 /12 /décembre /2023 10:46

 

 

Ce soir, jeudi 7 décembre à 18 heures 30, aura lieu dans l'auditorium de la Médiathèque de Perpignan (15 rue Emile Zola) une table ronde à l'occasion du dixième anniversaire de l'inauguration du Centre d'Art Contemporain situé place du Pont d'en Vestit qui aura pour thème :

 

            Etat des lieux et projections de l'art contemporain à Perpignan.

 

Cette table ronde sera animée par M. Thomas Wierzbinski, directeur-conservateur du Pôle Muséal de Perpignan et les intervenants seront Mme Virginie Soulier, maître de conférences en Muséologie et Sciences de l'information et de la communication au Département d'histoire de l'art et d'archéologie à l'Université de Perpignan Via Domitia, M. Roger Castang, galeriste (Galerie Castang Art-Project), M. Claude Parent Saura, artiste et M. Salvador Pavia, président du Centre d'art contemporain àcentmètresducentredumonde.  

 

Rappelons que jusqu'au 25 février 2024, Le Centre d'Art Contemporain de Perpignan, inauguré le 12 octobre 2013 par le maire de Perpignan Jean-Marc Pujol (maire de 2009 à 2020), propose actuellement en collaboration avec la galerie Eric Linard de La Garde-Adhémar et la galerie Le Temps du Rêve de Pont-Aven une exposition intitulée Nouveaux regards sur l'art aborigène, voyage dans les terres australiennes où naquit dans le désert il y a 40 000 ans l'une des plus anciennes traditions picturales et dialogue entre des artistes français, hongrois, suisses, japonais et l'art aborigène. (du mardi au dimanche de 11 heures à 17 heures 30)

 

  

Le Centre d'Art Contemporain de Perpignan fête ses 10 ans
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28 novembre 2023 2 28 /11 /novembre /2023 15:51

 

 

 

Le dimanche 3 décembre 2023 à 16 heures, pour la Saint-Nicolas, Canticel nous contera en la très belle église Saint-Michel de la commune de Saint-Hippolyte (département des Pyrénées-Orientales) l'histoire merveilleuse de Noël dans l'esprit de la crèche vivante, de l'Annonciation jusqu'à l'arrivée des Rois mages, par la magie des plus beaux chants sacrés de Haendel à Bizet ou d'inspiration religieuse de nombreux pays, de l'Argentine à la Catalogne.

 

La voix profonde et rare de la contralto Catherine Dagois se mêlera à l'extraordinaire orgue de Edgar Teufel capable de créer un univers sonore digne d'un grand orchestre. De petits joyaux musicaux et de belles surprises vous surprendront et feront de ce récital un spectacle vivant et original.

 

Le duo Canticel a déjà une carrière de plus d'un millier de concerts donnés dans des églises, cathédrales et philharmonies dans vingt-cinq pays sur quatre continents.

 

Entrée avec libre participation.

 

Plus de renseignements sur le site internet de Canticel

et/ou au 04 68 81 36 71. 

 

 

Concert suivant : le dimanche 10 décembre 2023 en l'église Notre-Dame del Prat d'Argelès-sur-Mer.

 

Le duo Canticel : Catherine Dagois, contralto, et Edgar Teufel, organiste.

Le duo Canticel : Catherine Dagois, contralto, et Edgar Teufel, organiste.

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23 novembre 2023 4 23 /11 /novembre /2023 10:19

 

 

 

Aristide Maillol (2/2)

 

 

Rappel du chapitre précédent

Le sculpteur Aristide Maillol, son principal mécène le comte Harry Kessler et le poète autrichien Hugo von Hofmannsthal parcourent ensemble la Grèce durant le printemps de l'année 1908. Après Athènes et Eleusis, le trio se dirige vers Delphes. Un différend ayant opposé Kessler à von Hofmannsthal, ce dernier quitte prématurément le pays avant que Maillol et Kessler ne se dirigent, le 15 avril, vers Olympie.

 

 

Dans la vallée de l'Alphée dominée par une colline de 125 mètres de haut, s'étend le sanctuaire (Altis) ruiné d'Olympie à deux pas du stade où, jusqu'en 393 après J.-C., eurent lieu les Jeux Olympiques de l'Antiquité. Le site a été fouillé par des archéologues français vers 1830 puis des travaux qui ont permis de dégager de nombreuses oeuvres d'art ont été entrepris par l'Institut Allemand d'Archéologie entre 1875 et 1881 sous l'égide de Ernest Curtius (décédé en 1896) qui était le directeur du musée des Antiquités de Berlin. "Olympie vient du nom de Zeus Olympien : le protecteur des jeux." (1) A l'origine sur une seule journée, la durée des Jeux Olympiques fut allongée à cinq jours en raison de l'augmentation du nombre des épreuves. "Les plus beaux jeunes gens se rencontraient dans les grandes compétitions du stade d'Olympie, qui rassemblaient tous les quatre ans les meilleurs athlètes du monde grec." (1) Après la visite des ruines du temple de Zeus, où se trouvait dans l'Antiquité la statue chryséléphantine (d'or et d'ivoire) de Zeus Olympien réalisée par Phidias vers 430 avant J.-C., Maillol, qui constate que des fouilles sont toujours en cours sur le site, se rend au musée où a été reconstitué le décor des deux frontons du dit temple dont il ne reste rien hormis quelques tambours de colonnes alignés qui rendent compte des dimensions de l'édifice ainsi que quelques chapiteaux éparpillés çà et là. Nous ne décrirons pas ici le temple de Zeus tel qu'il était dans l'Antiquité, d'éminents spécialistes l'ayant fait dans différentes publications, comme Jacques Lacarrière, par exemple, dans un ouvrage sur Pausanias (qui a parcouru la Grèce au 2ème siècle après J.-C.) paru en 1991 (livre référencé ci-dessous). Arrêtons-nous plutôt sur le décor du fronton occidental du temple de Zeus qui a été reconstitué dans le musée proche des ruines. 

 

Le comte Kessler, durant ce séjour en Grèce du printemps 1908, a pris de très nombreuses photos. Non pas des selfies pris du bout d'une perche et immédiatement relayés sur des sites où des "amis" partagent leurs impressions de voyage, de coeur, bref leurs impressions tout court, mais des photos de Maillol admiratif devant les innombrables beautés qu'offre le Péloponnèse. Maillol assis sur des blocs de pierre regardant les collines environnantes, Maillol debout contre un fût de colonne dessinant au crayon dans un carnet ce que devait être le temple de Zeus à l'époque de Phidias, Maillol chevauchant un âne sur un sentier de montagne, Maillol attentif devant les statues du fronton oriental du temple de Zeus avec en son centre la statue du dieu et celles représentant Pélops et Oinomaos durant un concours de chars. "L'autre fronton, celui de l'ouest, avec ses Centaures au visage crispé par l'effort et la rage érotique, contrastant avec celui d'Apollon (...) ferme et posé, trônant au-dessus de la mêlée" (2) représente le combat des Lapithes et des Centaures. Maillol admiratif devant les statues de dieux et de personnages nus (athlètes, lutteurs, serviteurs), voilà bien ce qui satisfait le comte Kessler lui aussi enthousiasmé par ces corps forts et beaux. Car Kessler qui a remarqué que Maillol ne sculpte que des corps féminins voudrait que celui-ci fasse des statues d'hommes. On ne connaît que trois corps masculins sculptés par la main de Maillol : le personnage du haut-relief dit Le Désir entrepris par Maillol en 1907 et dont un exemplaire se trouve au musée d'Art Hyacinthe Rigaud de Perpignan, Le Cycliste (au départ Kessler voulait un Narcisse amoureux de sa propre beauté) d'après un modèle (Gaston Colin) que Kessler connaissait et qu'il fit entrer dans l'atelier du sculpteur, enfin une statue de Jeune Homme que Maillol ébaucha en Grèce, dans un petit port proche d'Athènes. Plus tard, en 1911, une statue d'Apollon pour un monument à Nietzsche qui devait être élevé à Weimar et pour lequel le danseur russe Vaslav Nijinsky fut un temps pris comme modèle n'aboutira pas. A son retour en France, Maillol reprendra la sculpture avec "l'intention de faire un homme (...) mais ça devient toujours une femme". (Extrait du Journal de Harry Kessler à la date du 25 août 1904 / 3) Le 31 mai 1908, Maillol et Kessler quittent la Grèce et regagnent la France via Naples et Marseille. 

 

Maillol, comme on l'a vu dans un précédent chapitre, était très apprécié en Allemagne. Les musées allemands compte encore aujourd'hui nombre de ses oeuvres comme Eve à la pomme (Berlin), Femme debout se coiffant (Mannheim), Baigneuse debout (Hanovre), Jeune fille accroupie (Stuttgart), Le Cycliste (Essen), pour n'en citer que quelques-unes. Entre 1905 et 1914, les musées de Berlin, Brême, Francfort, Mannheim acquirent des oeuvres de Maillol pour leurs collections. Le collectionneur Karl Ernst Osthaus acquit des oeuvres de Maillol pour son musée de Hagen dont la collection fut transférée à Essen en 1922. Si Kessler possédait des sculptures de Maillol, d'autres collectionneurs allemands en possédaient aussi (Kurt von Mutzenbecher, Eberhard von Bodenhausen) tout comme des peintres (Max Liebermann, Hans Purrmann). "C'est Paul Cassirer, dont la galerie de Berlin semblait un prolongement de la rue Laffitte ; c'est le peintre berlinois Max Liebermann qui accrochait aux murs de son atelier nos plus beaux impressionnistes ; ce sont les directeurs des musées allemands ; (...) tous ces collectionneurs berlinois que l'on voyait, dans les ventes de l'Hôtel Drouot..." (4) Il va sans dire que le déclenchement de la Première Guerre mondiale mettra un frein à ces relations amicales et commerciales entre l'artiste, ses admirateurs et ses acheteurs. En 1914 et 1915, on reprochera même à Maillol ses liens étroits, sa trop grande proximité avec les collectionneurs allemands. De l'autre côté du Rhin, le directeur de la Kunsthalle de Brême qui a acquis, pour son musée, de nombreux tableaux de peintres français entre 1903 et 1911, sera accusé en 1914 par les milieux nationalistes d'avoir favorisé l'art français au détriment des artistes allemands. Après la guerre, Maillol réalisera des sculptures pour trois monuments aux morts de communes des Pyrénées-Orientales : Céret en 1922, Port-Vendres en 1925 et Banyuls en 1932. En 1930, il visitera l'Allemagne avec Kessler qui se réfugiera en France en 1933. Enfin, en 1937, la première grande rétrospective de l'oeuvre de Maillol se tiendra au Petit-Palais à Paris. Le comte Harry Kessler décédera à Lyon le 30 novembre 1937. Aristide Maillol s'éteindra à Banyuls le 27 septembre 1944.                                         

 

 

(1) De l'aube des civilisations aux débuts de la Grèce antique par Carl Grimberg (historien suédois décédé en 1941), adaptation française sous la direction de Georges-H. Dumont, conservateur aux Musées Royaux d'Art et d'Histoire (Belgique) / Editions marabout, Verviers, 1974.   

(2) Promenades dans la Grèce antique par Jacques Lacarrière (Hachette, 1991).

(3) Catalogue de l'exposition Aristide Maillol organisée par le Georg-Kolbe Museum de Berlin et le musée cantonal de Lausanne, à Berlin, Lausanne, Brême et Mannheim entre janvier 1996 et mars 1997. 

(4) Souvenirs d'un marchand de tableaux par Ambroise Vollard (Editions Albin Michel et Les Libraires Associés, Paris, 1957) 

 

Aristide Maillol (1861-1944), peintre et sculpteur (Musée Hyacinthe Rigaud, Perpignan)

Aristide Maillol (1861-1944), peintre et sculpteur (Musée Hyacinthe Rigaud, Perpignan)

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