Ce soir (mardi 18 septembre 2012) à partir de 19 heures, l'Institut Jean Vigo de Perpignan programme le dernier film de Marilyn Monroe et de Clark Gable, réalisé par John Huston sur un scénario
d'Arthur Miller : The Misfits (les Désaxés).
"On ne peut voir The Misfits sans émotion. Il s'agit du dernier film achevé de Marilyn Monroe, qui retrouvait le réalisateur de ses véritables débuts à l'écran. Pour la première fois,
l'actrice a un rôle spécialement écrit pour elle par son mari Arthur Miller, dont elle s'apprête à se séparer." (1) Marilyn Monroe retrouvait en effet celui qui l'avait fait jouer dix ans
auparavant (en 1950) dans The Asphalt Jungle (Quand la ville dort). "Ce film sonne le glas d'une certaine idée de l'Amérique et de ses figures mythiques, à commencer par Clark Gable qui
mourra deux jours après la première du film. Trois personnages en errance, désaxés comme le veut la version française du titre, perdus dans les espaces de la nature sauvage
américaine qui a perdu ses couleurs et son âme. John Ford est bien loin derrière et cette triste chevauchée fantastique ne se conclura que par la dérisoire mise à mort d'un jeune
mustang fougueux convoyé vers l'abattoir. L'espoir vacille et les valeurs s'effondrent. Le tournage calamiteux du film l'a fait entrer dans la légende et a contribué à son succès de scandale."
(2)
Arthur Miller (1915-2005) est né à New York. Il écrit sa première pièce dans les années 30 alors qu'il est encore étudiant à l'université du Michigan. Le 5 août 1940, il épouse Mary
Slattery, étudiante en psychologie qu'il a rencontrée à l'université quatre ans plus tôt. Le couple aura deux enfants. Quelques semaines après son mariage, il embarque seul sur un cargo afin de
se documenter pour l'écriture d'une nouvelle pièce dont l'action doit se situer sur un navire marchand au début de seconde guerre mondiale. The Half-Bridge, titre de cette nouvelle pièce
en trois actes est "pour l'essentiel, un mélodrame sur fond de guerre ponctué de coups de pistolet. Consciemment ou pas, Miller essayait peut-être d'écrire quelque chose de plus commercial. Il
avait envisagé de commencer avec le personnage principal provoquant "l'indignation du public en étant ivre et... jeté dehors". Il finit par opter pour une scène d'ouverture plus conventionnelle :
après minuit, "au bout d'un quai dans le port de La Nouvelle-Orléans", d'où doit partir pour le Chili un cargo rouillé, le Bangkok Star. Alors que l'équipage remonte à bord en titubant
après une nuit de beuverie, Donegal, le second, parle d'une Amérique devenue "trop petite" pour lui : "Il faut que j'aille où on a besoin de grands hommes !" Lorsqu'une femme appelée Anna Alden
fait son apparition (...) elle fuit quelque chose dont on ne sait rien et elle espère pouvoir monter à bord du cargo. (...) Donegal, qui a voyagé partout, invite Anna à aller avec lui à La
Nouvelle-Orléans et "à y passer la nuit à chanter, à danser et à tout se raconter à présent", au moment où tombe le rideau de premier acte." (3)
Par la suite, Arthur Miller se rend célèbre avec deux pièces : Mort d'un commis-voyageur (1949) et Les Sorcières de Salem (1952). Au début des années 50, il fait la connaissance
de Marilyn Monroe (1926-1962). "Pendant que Miller écrivait Les Sorcières de Salem dans le Connecticut, Marilyn Monroe devenait une star à Hoolywood. Le jour de son vingt-sixième
anniversaire, le 1er juin 1952, on annonça qu'elle partagerait avec Jane Russell la vedette de la grande comédie musicale, Les hommes préfèrent les blondes. Arthur Miller et Marilyn
Monroe se marient en juin 1956. Dès l'année suivante, "Miller fit à son épouse dévastée une proposition pleine d'amour, même si elle servait un peu ses intérêts en même temps : celle de
transformer son histoire de cow-boys dans le Nevada, The Misfits (Les Désaxés), en scénario pour elle. Il se mit au travail immédiatement. Le scénario donna naissance à un personnage qui
était tout à fait secondaire dans la nouvelle. A peine existante, elle avait pourtant un prénom, Roslyn, qui évoquait celui de Marilyn. (...) Pour construire le personnage de Roslyn, il
avait, disait-il, utilisé les dépressions, la nervosité, la paranoïa, le manque d'assurance et les accès de panique de Marilyn." (3) Le film ne sera tourné qu'en 1960, Marilyn Monroe devant
jouer dans plusieurs films - comme le stipulait son contrat - comme Some like it hot (Certains l'aiment chaud) et Let's Make love (le Milliardaire).
Le tournage de The Misfits, dans le désert du Nevada à partir de juillet 1960, est épuisant pour les acteurs et pour l'équipe de tournage "par des températures allant d'un
extrême à l'autre - un jour le thermomètre montait à 40° à l'ombre, le lendemain il neigeait." (4) Le nombre de prises s'intensifie (jusqu'à 64 pour une seule scène), "ses dépressions
étaient accentuées par les chutes d'énergie causées par les barbituriques (...) Au bout de sept semaines sur les dix prévues pour le tournage, elle ne tenait plus debout. Son état émotionnel
était précaire et sa dépendance aux barbituriques, dangereuse. Elle devenait par moment incohérente". (3) Le tournage se poursuit jusqu'en octobre "en trois lieux, à plusieurs heures de
Reno : une ville fantôme célèbre, Dayton, un lac desséché et un canyon aussi aride et aussi poussièreux que les deux autres endroits". (4) "Le film fut déclaré terminé le 4 novembre 1960 et,
le lendemain, Clark Gable était victime d'une crise cardiaque. Deux semaines plus tard, il mourait d'une seconde crise, à l'âge de 59 ans (...) La première mondiale des Désaxés eut lieu
au Capitol Theatre à New York le 5 février 1961." (3) C'est ce film que l'Institut Jean Vigo de Perpignan vous propose de voir ce soir à partir de 19
heures.
Institut Jean Vigo, rue Jean Vielledent (à l'Arsenal)
66000 Perpignan
La séance : 6 euros
(1) Les génies du cinéma (Editions Atlas, 1992).
(2) L'agenda - septembre 2012 (Office du Tourisme de Perpignan).
(3) Arthur Miller, Martin Gottfried (Grandes Biographies Flammarion, 2005).
(4) Marilyn va hanter Paris, Guillaume Hanoteau (Paris Match, 26 septembre 1964).