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1 juillet 2011 5 01 /07 /juillet /2011 07:04

 

On aurait cru qu'il l'avait fait exprès :

L'est mort le premier juillet au matin

Et rud'ment bien." (Extrait d'une chanson de Jacques Debronckart)

 

Le 1er juillet 1981, il y a trente ans jour pour jour, Montmartre perdait un de ses derniers poètes, un homme qui avait un coeur si grand, qui a écrit "Moi qui n'ai rien écrit" et "Je ne dirai pas tout" ; or, tout nous resterait à dire sur celui qui a hanté les nuits de la Butte et des Halles et qui rentrait au potron-minet dans son antre du 13 de la rue Germain Pilon dans le 18ème arrondissement de Paris. Mais parviendrons-nous à tout dire ?...

 

Ne cherchez pas dans vos programmes Tv d'hommages, d'émissions sur Bernard Dimey, ni sur les chaînes publiques, ni sur les chaînes privées... Tout le monde s'en fout ! Pas le moindre témoignage, encore moins le plus petit bout d'extrait d'un film où il apparaît comme "Le Sicaire" de Pierre Etaix ou "Le dernier mélodrame" de Georges Franju. Mais a-t-on déjà vu Dimey dans Apostrophes, fair' le beau en public, devant des tas de livres ? On préfère éviter la moindre catastrophe, et ne pas inviter ceux qui sont toujours ivres. Ivre, oui, mais de vie ! 

Il n'y a plus d'or au Transvaal. Dimey, orpailleur désargenté, qui n'a jamais trouvé même la plus petite pépite, s'en est allé de cette façon il y a trois décennies ; la presse, à l'époque, a peu parlé de son départ pour un monde qu'il savait qu'il explorerait jeune. "Quarante ans, oui, déjà... C'est beaucoup pour mon âge", disait-il. Alors 49, vous pensez !

J'ai lu quelque part que Dimey était un pessimiste qui brûlait la vie par les deux bouts. Qu'il brulât  la vie par les deux bouts, soit ! Mais il n'était pas pessimiste au sens où on l'entend actuellement. On ne peut pas être pessimiste quand on ne possède rien : ni appartement, ni voiture, ni actions boursières, ces petites choses agaçantes qui vous gâchent même le plus beau lever de soleil. Dimey était déçu par les gens, ceux à qui il ouvrait sa porte, son coeur, ceux qui l'ont mal compris ou pas compris du tout, et il savait que bien après sa mort, certains curieux de mon espèce essayant de percer son mystère, n'apprendraient rien de plus que ce qu'il a écrit dans la fièvre des bars et des lieux de perdition. "Vous aurez des machines à faire parler les morts" a-t-il écrit. (1) Dimey était plutôt un déçu résigné et il cessa un jour de s'ouvrir au grand jour à des coquins qui veulent tout savoir sans rien payer.

"Le besoin de parler ne m'a pas réussi,

Les hommes sont cruels et crèvent de tendresse,

Les femmes sont fidèles aux amours de hasard,

tout le talent du monde est à vendre à bas prix

et qui l'achètera ne saura plus qu'en faire." (1)

Dans un Tribeca à la parisienne, Triangle Blanche-Eleuthère-Calvaire, entre les rues Lepic et Germain Pilon, il observe ceux qui traînent, ceux qui causent, ceux qui rien, qu'il soit dix heures du soir ou midi à sa montre, il rencontre toujours quelqu'un pour lui serrer la main. Eleuthère veut dire libre en grec, mais cette liberté il la paie très cher et ce qu'il souhaite faire de sa vie se transforme en calvaire. Incompris, déçu donc, l'enfance loin derrière lui mais l'habitant encore, il est, à l'âge dit adulte, craintif, sait ce qui l'attend au coin de la rue Labat.

"On rêvait, c'était beau... Je ne rêve plus guère.

Je porte des habits qui ne me vont pas bien,

Je plonge dans la mort la tête la première

Une ou deux fois par jour et pourtant j'en reviens." (2) 

Dimey aime la peinture, a peint lui-même, explique des tableaux, se fait guide au Louvre pour les intimes, écrit le catalogue de l'exposition du peintre catalan Jordi Bonas, vit avec une jeune artiste dont les oeuvres tourbillonnent dans des couleurs chaudes qui exaltent les corps. "La femme s'appuie contre l'homme. (...) Elle sait le nom de toutes les douleurs : celles que l'on peut confier et qui vous cassent en deux et qui vous broient. L'homme peut aider à les supporter, quelquefois."(3)

Au début, on dit qu'on n'oubliera jamais, plus jamais ça, mais qui se souvient que dans la rue Lepic, traînait la carcasse d'un gros homme barbu dont on fredonne les chansons sans savoir qu'elles sont de lui.

"J'ai le coeur aussi grand qu'une place publique

Ouverte à tous les vents, voire à n'importe qui.

Venez boire chez moi trois fois rien de musique,

Et vous y resterez comme en pays conquis." (4) 

Bernard Dimey n'est pas mort un dix mai, mais le premier juillet 1981, qui s'en souvient ?

 

 

(1) "Je ne dirai pas tout"

(2) "L'enfance" 

(3) "Impressions sur toiles: 'La Vie' de Picasso"

(4) "J'ai le coeur aussi grand..."         

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30 juin 2011 4 30 /06 /juin /2011 14:53

004-copie-2 

Aller plus vite, toujours plus vite, pour aller où, vers quoi, vers qui ? Après les supersoniques, les trains à grande vitesse, l'information qui se déplace plus vite que la lumière, la fabrication des gens speedés, du fast tout et n'importe quoi,  voici venu le temps de la limitation de vitesse, du slow quelque chose, du plaisir d'aller lentement. C'est un coup d'arrêt aux gens qui courent après le train ou le dernier métro, qui courent dans un stade après qui, après quoi ?, qui s'agitent dans les bourses, les supermarchés, pour les soldes, les rabais, les promotions, les augmentations. On achète tout sur internet parce que ça-va-plus-vite, même s'il n'y a rien à vendre au bout de la transaction, mais on pense faire une bonne affaire, cela évite d'avoir à parler à quelqu'un, un employé pressuré par un superviseur, lui-même laminé par un supérieur qui veut du chiffre, du chiffre et encore du chiffre... Cette idée d'aller plus vite, toujours plus vite, une idée neuve ? : "En Louisiane même, des compagnies financées par des hommes aussi confiants que le fils de Virginie établissaient des projets, achetaient des terrains et mettaient en chantier des lignes nouvelles. Ainsi, la compagnie 'Nouvelle-Orléans-Mobile and Chattanooga Railroad' s'apprêtait à poser le premier rail de la voie qui relierait, après un parcours de cent quarante miles, La Nouvelle-Orléans à La Mobile, en Alabama.

Une autre ligne prévue entre Chattanooga (Tennessee) et Meridian, dans l'Etat du Mississippi, permettait de desservir le nord de l'Alabama. Animée par des financiers de Boston, la compagnie concessionnaire venait d'émettre sur les marchés d'Europe pour trois millions de dollars d'obligations garanties par l'Etat de l'Alabama. Cette ligne, raccordée à celle de 'La Nouvelle-Orléans - Jackson and Great Southern Railroad', raccourcirait de deux cents miles le parcours ferroviaire entre La Nouvelle-Orléans et New York." (1)

Raccourcir les parcours, il faut voir comment l'Homme vainc les distances, comment la carte de France s'est réduite (la superficie en est-elle toujours de 550 000 km2 ?) ; Lille est à 1 heure de Paris, Marseille à 3 heures, Nice et Perpignan à 5 heures en TGV. Mais il est temps de se calmer, de souffler, de respirer, la durée de vie s'allonge. Chopin est mort à 39 ans, Jacques Brel et Bernard Dimey à 49, mais nous, nous avons tout le temps puisqu'on nous dit qu'un bébé sur deux qui naît maintenant vivra cent ans ; alors pourquoi accélérer quand nous pouvons ralentir. On nous le dit, on nous le répète, partout dans les multimédia, le monde est lancé à pleine vitesse et il est grand temps d'apprendre à ralentir le rythme. "Ah ! Messieurs, qu'est-ce donc que cette vitesse dont on nous rebat les oreilles et qui, dans le domaine spirituel est aussi risible que dans le domaine de la route ? Tout le monde se retrouve au feu rouge ou à l'hôpital. Au reste on allait jadis plus vite que nous. César a conquis la Gaule en six jours et Benjamin Constant, manquant Madame de Staël à Moscou, l'allait rejoindre à Londres, non sans s'être assuré qu'elle avait fait un crochet par Florence.

Ce culte de la vitesse détermine un vocabulaire sportif. Sur notre route abstraite une immobilité vertigineuse n'oblige personne à dépasser personne. Or, il convient aujourd'hui de dire qu'on dépasse ou qu'on est dépassé.

Paradoxalement, ce vocabulaire et ce culte obligent la jeunesse à devenir conservatrice d'anciennes anarchies. J'ai vu des jeunes embrasser si étroitement une idée neuve et courir si vite avec elle, qu'ils ne la sentaient point prendre de l'âge entre leurs bras. Ce culte est un vrai piège pour les jeunes. Le jeune homme marche au bord de la grande route, éclaboussée de boue, de lumières insolentes. Il se ronge de fièvre, de fatigue, de honte. Que faire ? Et il se livre à la pantomime de l'auto-stop. Il monte dans une voiture inconnue. Il adopte une vitesse inconnue. Imitant la phrase du roi de l'égocentrisme, il pense : 'J'ai failli attendre.' Et il ajoute : 'Je suis sauvé.' Il est perdu." (2)

 

 

Citations extraites de : (1) "Fausse Rivière" (roman de Maurice Denuzière), à propos de la construction de voies ferroviaires aux Etats-Unis dans les années 1860. (2) Discours de réception prononcé par Jean Cocteau à l'Académie française en 1955.        

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29 juin 2011 3 29 /06 /juin /2011 09:51

 

 

"Bernard Dimey n'est pas mort le dix mai,

On aurait cru qu'il l'avait fait exprès :

L'est mort le premier juillet au matin

Et rud'ment bien." Jacques Debronckart

 

 

Le 1er juillet 1981, Montmartre perdait un de ses derniers poètes, un homme qui avait le coeur aussi grand..., qui a écrit "Moi qui n'ai rien écrit" et "Je ne dirai pas tout" ; or, tout nous reste à dire sur celui qui a hanté les nuits de la Butte et des Halles et qui regagnait au petit matin son logement de la rue Germain Pilon.

 

Sur une idée de Michel Célie, le directeur des disques "Déesse", Bernard Dimey passe quelques jours en Egypte avec ceux qu'il aime : Le Caire et son musée archéologique, les Pyramides et une promenade à dos de dromadaire qui donne au gros homme un mal de mer dont il ne se remettra que difficilement, Philae, Memphis, Louxor, la Vallée des Rois...

"Les rapports de Pasar étaient régulièrement remis à Pharaon, à la grande satisfaction de celui-ci. Il pouvait suivre les progrès de l'extraction des rochers dans la Vallée des Rois, pour le creusement de sa tombe, à l'endroit qu'il avait choisi lors des obsèques de son père. En l'an 2, on avait rituellement donné le premier coup de ciseau dans le fin calcaire, avec un magnifique burin d'argent. Il apprenait aussi que les travaux d'agrandissement du temple de Louxor touchaient à leur fin. Les carrières de granit d'Assouan avaient également fourni la belle pierre rose pour les colosses de Pharaon devant figurer entre les colonnes où les silhouettes royales, hautes de sept mètres, dominaient les images de Nofrétari, et plus tard des filles aînées du souverain.

La décoration sur les murs était très avancée, et les scènes religieuses ornaient la face intérieure du premier pylône déjà achevée. Il semble que le rapport concernant cette partie du temple ait été rédigée vers 1277 avant notre ère. Les obélisques, dont celui que Méhémet Ali offrit à la France, allaient être dressés devant les môles, mais la façade du pylône, tournée en direction de Karnak d'où arrivait annuellement la grande fête d'Opet, n'était pas encore historiée. On allait retracer la grande voie qui reliait le temple de Karnak à la nouvelle façade de Louxor, et compléter la série des sphinx flanquant cette majestueuse voie processionnelle, déjà remise en état sous Toutânkhamon.

En fait l'Egypte était transformée en un vaste chantier de construction ; dans toutes les agglomérations d'importance on voyait s'élever de savants échafaudages d'éléments de bois fixés par des cordes de halfa, et le bruit des maillets scandait l'équarrissage des assises de pierre, avant qu'elles ne soient élevées par traîneaux sur des rampes de sable le long des murs en construction..." Extrait de "Ramsès II, la véritable histoire" par Christiane Desroches Noblecourt, inspecteur général honoraire du département des Antiquités Egyptiennes du musée du Louvre à Paris, décédée le 23 juin 2011.

 

De ce voyage sur les bords du Nil, Bernard Dimey a rapporté des images sur lui, sur soi, sur l'intérieur de soi, qui invitent à la méditation, à la réflexion et qui forment ce qui est peut-être son plus beau poème : "Les enfants de Louxor"

 

Quand je sens, certains soirs, ma vie qui s'effiloche

Et qu'un vol de vautours s'agite autour de moi,

Pour garder mon sang froid, je tâte dans ma poche

Un caillou ramassé dans la Vallée des Rois.

Si je mourais demain, j'aurais dans la mémoire

L'impeccable dessin d'un sarcophage d'or

Et pour m'accompagner au long des rives noires

Le sourire éclatant des enfants de Louxor.

 

A l'intérieur de soi, je sais qu'il faut descendre

A pas lents, dans le noir et sans lâcher le fil,

Calme et silencieux, sans chercher à comprendre,

Au rythme des bateaux qui glissent sur le Nil.

C'est vrai, la vie n'est rien, le songe est trop rapide,

On s'aime, on se déchire, on se montre les dents,

J'aurais aimé pourtant bâtir ma Pyramide

Et que tous mes amis puissent dormir dedans.

 

Combien de papyrus enroulés dans ma tête

Ne verront pas le jour... ou seront oubliés

Aussi vite que moi ?... Ma légende s'apprête,

Je suis comme un désert qu'on aurait mal fouillé.

Si je mourais demain, je n'aurais plus la crainte

Ni du bec du vautour ni de l'oeil du cobra.

Ils ont régné sur tant de dynasties éteintes...

Et le temps, comme un fleuve, à la force des bras...

 

Les enfants de Louxor ont quatre millénaires,

Ils dansent sur les murs et toujours de profil,

Mais savent sans effort se dégager des pierres

A l'heure où le soleil se couche sur le Nil.

Je pense m'en aller sans que nul ne remarque

Ni le bien ni le mal que l'on dira de moi

Mais je déposerai tout au fond de ma barque

Le caillou ramassé dans la Vallée des Rois.

 

 

Bernard Dimey (1931-1981), "Les enfants de Louxor"

   

 

 

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28 juin 2011 2 28 /06 /juin /2011 22:13

 

 

Un vibrant hommage vient d'être rendu à Bernard Dimey pour le trentième anniversaire de son décès, par Jean-Pierre Laurant au Palais des Rois de Majorque à Perpignan. Après avoir chanté les couplets de Jacques Debronckart, "Bernard Dimey n'est pas mort le dix mai...", Jean-Pierre Laurant a fait déambuler, de 20 heures 30 à 22 heures, le public venu nombreux à travers les rues de Montmartre, les Abbesses, Pigalle, les bars de la rue Lepic et de la rue Germain Pilon. La tramontane se levant a incité quelques spectateurs à enfiler des coupe-vent et des vêtements chauds, pendant que les vers défilaient joyeux ou tristes, visionnaires souvent, comme ceux écrits en 1973 sur l'avenir de l'Homme, son éloignement des choses simples et son attachement irréfléchi aux choses matérielles et futiles. La nuit, heureusement, a commencé de tomber, rendant au Palais des Rois de Majorque ses façades illuminées, cadre admirable pour un spectacle de qualité. L'obscurité change tout et comme le disait Dimey :

"Heureusement la nuit,

Car chaque nuit tout change,

Avec des ailes d'ange

Qui ne font pas de bruit

Je pars et je m'envole

Vers des printemps perdus,

Vers des copains d'école

Que je n'ai pas connus."

 

 

Merci Bernard Dimey et merci Jean-Pierre Laurant pour nous avoir fait partager son coeur qui était aussi grand...   

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 16:02

 

 

Le samedi 18 juin dernier, s'est déroulée à Paris, à partir du Panthéon, la "Marche pour la langue française et la diversité linguistique dans le monde", organisée par le Mouvement Amérique Française, association loi 1901, dont le siège est à la Maison des associations du 3ème arrondissement de Paris, 5 rue Perrée, téléphone 09 65 26 99 35 ou 06 78 34 13 69.

 

Cette association peut être jointe par courriel à a.amerique_francaise@mail.be ou sur Facebook à http.//www.facebook.com/mouvement.ameriquefrancaise

 

50Qc-Fr[1]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Montage de vues prises par Paris-Québec-France, lors des Fêtes franco-américaines dans le cadre du cinquantième anniversaire de la création de la Délégation du Québec à Paris.

 

http://francamerique.unblog.fr

 

 

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27 juin 2011 1 27 /06 /juin /2011 09:54

numerisation0014-copie-1.jpgChaque lundi depuis le 14 mars dernier, nous avons fait étape dans les lieux intéressants parsemés sur la Highway 66, route fictive qui n'existe sur aucune carte, qui n'est visible sur aucun Gps, à la découverte d'une ville, d'un village, d'un musée, d'une église, d'une personnalité, d'un petit bout d'histoire des Pyrénées-Orientales. Nous avons ainsi pu nous arrêter et visiter Thuir, Vernet-les-Bains, Ille-sur-Tet, la chapelle de Fenollar, etc. Aujourd'hui, notre dernière visite sera pour Lake Charles, ville qui se situe au sud-ouest de l'Etat de Louisiane aux Etats-Unis, et qui a été jumelée avec la ville de Perpignan il y a vingt ans, en 1991.

 

 

 

Lake Charles est le chef-lieu de la paroisse Calcasieu sur l'autoroute "Interstate 10" entre Lafayette et la rivière Sabine qui marque la frontière naturelle entre la Louisiane et le Texas. Lake Charles se trouve à 200 kilomètres à l'ouest de la capitale de l'Etat de Louisiane, Baton Rouge. La paroisse est en Louisiane la subdivision de l'Etat alors que les autres Etats des Etats-Unis sont divisés en comtés. Lake Charles forme avec sa voisine Sulphur, un centre industriel important avec une population d'environ 170 000 habitants.

En 1771, M. et Mme Bathélémy Lebleu, tous deux Bordelais, découvrent le lac, et vivent paisiblement avec les tribus d'Indiens, Choctaw, Coushatta et Cherokee. Au siècle suivant, un Espagnol, Carlos Salia, s'installe sur les rives du lac. On appelle alors ce lac "Charlie's Lake", puis Lake Charles ; la ville elle-même porte ce nom depuis 1867. Pour l'anecdote, le pirate Lafitte a enterré, dit-on, des trésors sur les bords de la rivière Calcasieu, mot indien qui signifie 'aigle criant'. Le développement de la ville fut lent jusqu'à l'arrivée du Southern Pacific Railroad qui, reliant la Nouvelle-Orléans à Houston (Texas) devait donner de l'importance à cette escale intermédiaire. Vers 1860, des gisements de soufre furent découverts, puis l'exploitation du gaz naturel et du pétrole dans la région (le premier puits foré et exploité en Louisiane, l'a été à Jennings, ville située entre Lafayette et Lake Charles, en septembre 1901) a fait naître un complexe qui a fait de Lake Charles un important port de commerce d'où on exporte du riz et des produits pétrochimiques et plastiques.

De nos jours, l'héritage acadien est encore vivant dans la région, surtout parmi la population rurale et chez les pêcheurs où l'on s'exprime souvent en français. Le recensement de 1976 faisait apparaître que près de 24 % de la population de la paroisse Calcasieu s'exprimait en français. C'était avant le 2nd choc pétrolier qui a durement frappé la Louisiane. Pour les touristes, Lake Charles est une ville agréable où ils peuvent déambuler au bord du lac, Shell Beach drive, Bor du Lac drive (marinas, casinos, somptueuses demeures) et dans le quartier ancien dit Charpentier qui s'étend sur une vingtaine de pâtés de maisons. Nous sommes là au coeur de la ville, telle qu'elle était dans les années 1900, époque où triomphait l'industrie du bois, avec ses maisons de style victorien en pin et en cyprès. Les rues Moss, Ford, Broad et Kirby sont particulièrement intéressantes avec leurs façades néo-gothiques ornées de colonnes et de galeries.

La ville de Lake Charles est le point de départ d'un circuit fait pour tous ceux qui aiment la nature, le Creole Nature Trail, circuit des mèches (marécages en cajun). Sorti de Lake Charles par le pont métallique que l'on voit de toute la ville, on est vite en pleine campagne, avec ses ibis, ses aigrettes. Le lac Calcasieu à l'eau mi-salée, mi-douce apparaît telle une étendue maritime où grossistes en fruits de mer amarrent leurs embarcations à des pontons de bois. Le lac coupe en deux le Sabine Refuge, havre de paix de 57 000 hectares pour des espèces nombreuses, oiseaux, renards, alligators... On arrive alors à Holly Beach, sorte de bout du monde avec ses cabanes sur pilotis au bord d'un océan charriant un sable grisâtre. Plus à l'est, le port de pêche de Cameron, chef-lieu de la paroisse éponyme, seul de toute la région à être en eau profonde, et aussi centre d'extraction du pétrole que les Cajuns appellent 'l'huile'. On peut retourner vers Lake Charles par Creole Chenier Perdu où au-delà, s'étendent des rizières et des terrains immenses où vivent paisiblement des troupeaux de vaches, mais aussi visiter des élevages d'alligators qui se sont multipliés depuis la sévère réglementation de la chasse. Aujourd'hui, on peut dire que 500 000 alligators sont en captivité, permettant une régulation du marché des peaux dont la demande est importante.

 

La ville de Lake Charles est jumelée avec celle de Perpignan (France) depuis 1991. C'est l'ancien maire de la cité catalane, Paul Alduy, qui en a eu l'idée lors d'un voyage aux Etats-Unis qui l'a conduit en Arizona puis en Louisiane en 1990. "Le voyage devait nous amener à Lake Charles, en Lousiane, chez les descendants des Acadiens français. Ils parlent le cajun, dialecte issu du français. S'ils pratiquent peu notre langue, bien qu'ayant une école où le français est enseigné, ils se passionnent pour tout ce qui leur rappelle leurs racines françaises. J'avais imaginé de jumeler Lake Charles avec Perpignan qui est déjà lié à Hanovre en Allemagne et à Lancaster en Grande-Bretagne.

Des cérémonies eurent lieu, à cet effet, sur place, en notre présence. Un an après, le maire de Lake Charles signait à l'hôtel de ville de Perpignan la charte du jumelage entre les deux villes. Depuis mon départ de la mairie, ce jumelage est en sommeil. Je souhaite qu'il ne s'agisse pas d'une léthargie définitive ! Je crois sincèrement que les jumelages permettent des échanges entre associations sportives ou culturelles favorisant surtout l'hébergement dans des familles étrangères de jeunes gens. Ils sont un instrument réel de progrès." (Extrait de "Passion de la cité" par Paul Alduy -1996)

James E. Sudduth, maire de Lake Charles à l'époque du jumelage, est venu à Perpignan pour finaliser l'accord entre les deux villes. Il a, dans une interview accordé à une revue locale, présenté sa ville dans les termes suivants : "La ville de Lake Charles est une belle cité, comme Perpignan, construite autour du lac, Lake Charles, et la rivière Calcasieu. Sa population amicale et chaleureuse chérit et apprécie les nombreuses richesses naturelles qui abondent dans cette région : la pêche, la chasse, la voile, le ski nautique, la natation et le bateau. Notre culture semble se rapprocher de celle de Perpignan dans une large mesure. D'un point de vue financier, ou économique, Lake Charles est une ville très prospère de par sa population et son industrie lourde - essentiellement basée sur la chimie et le raffinage - implantée le long de notre canal qui rejoint la mer et des installations portuaires."

Le blog louisiane.catalogne souhaite que ce jumelage, qui fête cette année son vingtième anniversaire, perdure et qu'à l'avenir, des contacts soient repris pour que les populatiuons des deux cités se connaissent mieux et apprécient leurs points communs et leurs différences.

 

A bientôt sur la Highway 66 !

 

 

Photo, un panneau qui indique que les automobilistes sont sur une Scenic Highwway, route historique intéressante pour les touristes et tous ceux qui sont passionnés par l'histoire. La Highway 66 est une route fictive qui relie le Roussillon à la Louisiane par des étapes que vous avez pu suivre depuis le mois de mars dernier sur le blog louisiane.catalogne.        

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26 juin 2011 7 26 /06 /juin /2011 21:36

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Les sept musiciens et chanteurs du groupe "Les Affinités" ont invité les spectateurs présents au Jardin des Plantes de Saint-Cyprien à un bal de la Renaissance sous la direction d'un maître à danser. Créé en 2010 par deux musiciennes, ce groupe réunit des artistes professionnels originaires du Roussillon, spécialistes des répertoires musicaux anciens et baroques. Ce bal a conclu le cycle de concerts de musique baroque et de la Renaisance rassemblés sous le titre "Les Fêtes d'Almira" et donnés sur la pelouse du jardin botanique de la station balnéaire de la côte Vermeille (voir nos articles des 5 et 12 juin 2011). Le nom du groupe musical vient d'une des appellations que l'on donne aux bémols et aux bécarres. Au Moyen Age, le vocabulaire musical n'était pas standardisé comme aujourd'hui ; il différait selon le compositeur, la région, le pays. Cette non standardisation a sans doute contribué à la grande richesse et à la grande diversité de cette musique. Il va sans dire que le nom du groupe convient aussi à l'ambiance qui règne parmi ses membres. Avant chaque morceau, un maître à danser a invité les spectateurs à venir faire des rondes et à les initier aux danses de l'époque du roi Henri III. Ce roi, né à Fontainebleau en 1551, fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, a succédé à son frère Charles IX en 1574. Personnalité complexe, intelligent et cultivé, il ne sut pas réaliser l'unité autour de lui, en raison de son indécision et aussi de son homosexualité, comme l'a rappelé la costumière de la cérémonie, Madame Hamelin. L'événement le plus connu qui eut lieu au cours de son règne est certainement l'assassinat du duc de Guise. Henri III était près de se rapprocher d'Henri de Navarre, futur Henri IV, quand il fut assassiné par le moine Jacques Clément en 1589.

Branles doubles, branles simples, pavanes, gaillardes, allemandes, courantes étaient au programme de ce spectacle qui s'est déroulé sous un soleil de plomb, le public devant se mettre à l'abri des nombreux arbres du jardin pour profiter de la musique sans risquer l'insolation.

Les airs joués étaient des compositions d'Attaignant, Praetorius et Arbeau.

Michael Praetorius (1571-1621) fut notamment Maître de Chapelle du duc de Brunswick et fut compositeur d'une grande fécondité et un théoricien très important ; son ouvrage "Syntagma Musicum" apporte en effet de très utiles renseignements sur les instruments du 16ème siècle. Il écrivit de nombreuses danses dont des courantes.

D'autres comme Claude Gervaise et Tylman Susato ont été aussi de grands compositeurs du 16ème siècle : Gervaise, qui n'a pas été comme on l'a cru longtemps musicien de François Ier, a été un "arrangeur" renommé dont l'activité est attestée entre 1541 et 1547. On le connaît surtout par ses 3ème, 4ème, 5ème et 6ème livres de Danceries dans lesquelles branles, pavanes et gaillardes dominent, le plus souvent dans un style d'inspiration très populaire.

Tylman Susato, né à Cologne à la fin du 15ème siècle, émigra à Anvers pour devenir musicien professionnel avant de s'orienter vers l'imprimerie musicale et de devenir l'un des éditeurs européens les plus importants. Entre 1543 et certainement 1561, il publia un grand nombre de chansons à plusieurs voix et un livre de danceries, en 1551, dont il se donnait pour le compositeur, alors qu'il n'en était probablement que l'arrangeur, comprenant des rondeaux, allemandes, pavanes et bien d'autres dances.

 

Les trois concerts joués sur la pelouse du Jardin des Plantes de Saint-Cyprien ont pu avoir lieu grâce à l'initiative des "Amis d'Alain Marinaro", association qui porte le nom d'un jeune prodige, pianiste d'une finesse totale sur le plan artistique, disparu à l'âge de 24 ans, en 2001. Cette association vous invite aussi à une série de concerts à Collioure à partir d'aujourd'hui le 26 juin, jusqu'au 29 inclus.          

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25 juin 2011 6 25 /06 /juin /2011 09:56

 

 

Les maîtres des plantations, après un séjour à la Nouvelle-Orléans pour affaires, regagnaient leurs domaines à bord d'un vapeur qui remontait, en direction de Baton Rouge, le Mississippi, qualifié de "Père des eaux", véritable boulevard des Amériques d'où arrivaient et repartaient les marchandises. "Régler un litige portant sur une expédition de coton, rendre visite à un banquier, s'informer des cours du sucre, de l'indigo ou du blé indien - qu'à la manière des Français évolués il appelait maïs - fournissaient autant de bons prétextes au maître de Bagatelle, pour une escapade d'une semaine." (1)

La distance entre la capitale de la Louisiane, Baton Rouge, et la grande ville en forme de croissant - d'où son surnom de Crescent City - qu'est la Nouvelle-Orléans, n'est que de 130 kilomètres mais la richesse des maisons ante bellum, c'est-à-dire construites avant la guerre de Sécession, qui bordent le fleuve nécessite plusieurs jours de visite.

La Louisiane possède un climat subtropical très agréable, nous disent les guides touristiques. La moyene annuelle est de 20°. Le sud de l'Etat est nettement plus humide que le centre et le nord. La période la plus agréable pour voyager va de mars à avril, où il fait bon et sec ; c'est aussi la période la plus fleurie. Octobre et novembre, tempérés, sont également propices à la découverte de la région. De juin à octobre, il y ades risques de tempêtes ou de tornades, suratout dans le pays cajun. Mieux vaut éviter les mois de juillet et d'août, très chauds (35° à l'ombre) et éprouvants.

En mars, l'air est doux, la promenade, entre la Nouvelle-Orléans et Baton Rouge, intéressante. Sur les routes, circulent les camions qui font transiter les marchandises des entrepôts aux docks. Le Mississippi a été la principale voie de communication vers les grands ports du pays et les routes qui longent le fleuve font oublier ses eaux boueuses pour en faire un fleuve plein de richesses. Les plantations, maisons ante bellum, construites sur les bords du Misssisssippi, invitent les visiteurs à venir les découvrir ; certaines proposent un service de restauration ainsi que des chambres d'hôtes.

 

Destrehan Plantation, construite en 1787 sur la rive gauche du fleuve, non loin de la Nouvelle-Orléans, et la plus vieille maison de plantation restée intacte le long du cours inférieur du Mississippi.

numérisation0004Plus au nord, San Francisco Plantation, construite en 1856, seulement quelques années avant la guerre de Sécession, est une demeure dans le plus pur style créole, alors que la mode était à l'époque au Greek Revival. Sa terrasse permet de contempler le Mississippi masqué par une levée (ouvrage permettant de retenir les eaux lors des inondations du fleuve).

Oak Alley Plantation, peut-être la maison la plus connue avec son allée de 28 chênes deux fois centenaires, qui a donné son nom à cette demeure construite dans les années 1837-1839 par un certain Jacques Roman. Dans le plus pur style Greek Revival, la façade présente des colonnes et une galerie qui regarde vers le fleuve, malheureusement invisble à cause de la levée qui barre la vue mais qui la protège des caprices du fleuve.

Les visites de ces maisons, toujours guidées, se font souvent pas des personnes en costumes d'époque qui s'attachent à préciser la provenance de chaque meuble, de chaque objet.

Tezcuco Plantation (1855) pourra être visitée, mais en approchant de Baton Rouge, il ne faudra pas manquer deux plantations importantes : Houmas et Nottoway.

Construite en 1840, Houmas, qu'une jeune personne vous fera visiter vêtue d'une robe à crinoline, possède un magnifique escalier intérieur en spirale. Complètement restaurée dans les années 1940, cette maison est meublée avec goût et certaines pièces ont été créées par de célèbres ébénistes de la Nouvelle-Orléans.

La dernière plantation à visiter pour sa grandeur et sa beauté est Nottoway. Elle est la plus vaste avec ses 64 pièces ouvertes sur 200 fenêtres. Achevée en 1859, son concepteur voulait ce qu'il y a de plus grand avec des meubles venus d'europe par bateaux entiers. Tombée dans l'oubli lors de la fin de l'exploitation de la plantation à la fin du 19ème siècle, elle fut heureusement restaurée dans les années 1980 pour le plus grand plaisir de ses visiteurs. Elle possède un restaurant et propose aussides chambres. Nottoway Plantation est une étape idéale avant de repartir vers le nord, Baton Rouge et au-delà vers d'autres maisons ante bellum, autour de Saint Francisville et vers Natchez dans l'Etat du Mississippi.             

 

(1) Extrait de "Louisiane" de Maurice Denuzière (1977)

 

 

Photo, Nottoway Plantation, la plus grande maison ante bellum de Louisiane. 

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24 juin 2011 5 24 /06 /juin /2011 09:04

 

 

Depuis 1900, l'agglomération composée de Lake Charles, chef-lieu de la paroisse Calcasieu et de sa voisine, l'industrielle Sulphur, séparées par un impressionnant pont métallique dont le savant entrecroisement des poutrelles évoque quelque 'grand huit' de fête foraine, est passée de 3 000 habitants à 170 000...

 

Le Quartier Charpentier intéressera les amateurs d'architecture victorienne avec ses maisons aux façades ornées de colonnes. Le bord du lac tout proche, qui a donné son nom à la ville, est un quartier reposant et aéré avec ses maisons récentes en bois et ses petites marinas avec pontons (Shell Beach drive et Lakeshore Drive). On y aperçoit le grand pont métallique. Passé ce pont, on se retrouve vite en pleine campagne solitaire et rase animée d'ibis, d'aigrettes blanches ou bleutées, au centre d'un réseau dense de mystérieux chemins de plein vent qui donnent envie 'd'aller voir'. Ils débouchent invariablement sur des pâtures à la lumière drue ou des chênaies assez basses, où babillent les oiseaux. Après le pont qui enjambe le canal Intracoastal, apparaît l'étendue presque maritime du lac Calcasieu à l'eau mi-salée, mi-douce, où plusieurs grossistes en fruits de mer amarrent à des pontons de bois leur flotte de crevettiers. Les filets déployés en ailes de papillon, ceux-ci ratissent les lagunes intérieures de mai à décembre, ne pêchant en mer que de janvier à fin avril.

Puis on arrive à Hackberry, le seul petit centre de toute la région, près du lac Calcasieu, où tout le monde se connaît et tout le monde, ou presque est chasseur ou pêcheur.

Plus au sud, le Sabine Wildlife Refuge, réserve naturelle de Sabine, essentiellement composée de lacs et de marécages où pousse le roseau, est, avec ses 57 000 hectares, la plus vaste de toutes celles qui jalonnent la côte du golfe du Mexique. Dans la réserve, comme sur d'autres sites, barrages et écluses contrôlent l'intrusion de l'eau salée sans gêner la faune marine présente dans l'estuaire. Les écluses permettent l'aménagement d'habitats pour la volaille d'eau et les échassiers (wading birds). Le piétinement du bétail qui favorise les jeunes pousses tendres dont se délectent les oies et autres gibiers d'eau contribue, lui aussi, à la fréquentation du marais. Située sur une des deux grandes routes des oiseaux migrateurs, la réserve, riche en hérons qui y séjournent souvent plusieurs années, attire de novembre à février des colonies d'oies. Et particulièrement des oies bleues dont presque toute la population mondiale se retrouve dans les champs de riz fauchés de la Louisiane du Sud et les marais des paroisses côtières ; la paille sèche y est brûlée en hiver pour les nourrir.

A quelques miles plus au sud, le Marsh Trail est un sentier aménagé qui longe le canal avant de se transformer en une longue passerelle zigzaguant au-dessus du marais pour aboutir à une tour d'observation où ricanent des oiseaux moqueurs (mocking birds). Ce parcours est passionnant parce qu'il présente en raccourci un tableau complet de la vie grouillante de ces marais étendus à l'infini : innombrables petits canards de différentes espèces ; racoons et nutrias, ces ratons laveurs introduits en Louisiane en 1930 et qui constituent aujourd'hui le plus important peuplement d'animaux à fourrure des marais côtiers ; serpents d'eau ; grosses tortues à tête argentée, nichées dans les roseaux. Occason unique d'observer de près, en liberté, le vol si souple de l'aigrette et de l'ibis noir, tirant sur le roux, les ailes irisées de vert, ou la pose un peu nunuche de danseuse en bas rouge du stilt à l'oeil blanc. Les bébés alligators, longs comme la main, sont veillés par leur mère cachée sous l'eau, immobile comme un fût de bronze, mais prête à bondir avec une rapidité stupéfiante à la moindre alerte. Ce sentier qui, sur la terre ferme, pullule de lapins des marais très familiers, m"rite largement deux bonnes heures de grand vent...

Sur le bord du golfe du Mexique, la station balnéaire de Holly Beach paraît un bout du monde d'une solitude poignante et très ventée au bord d'un océan marron charriant un sable grisâtre. Pas un arbre, mais des rangées de cabanes délabrées en bois haut perchées sur pilotis.

La route en bord de mer vers Cameron, chef-lieu de la paroisse éponyme, longe côté terre des pâturages à l'horizon nu, où paissent des vaches, dont beaucoup, d'origine indienne, spécialement résistantes aux moustiques, sont dotées d'extraordinaires cornes en forme de lyre. Côté mer, dans les vagues mourant près du rivage, des colonies de pélicans (oiseau qui figure sur le drapeau de la Louisiane).

On pourra rentrer à Lake Charles en passant par le Cameron Prairie National Wildlife Refuge, réserve pratiquement accesssible qu'en bateau, et dîner au Boudin Factory, que tient un fabricant de boudin cajun.

 

Les alligators, que les Cajuns appellent des cocodries, vivent dans les eaux douces des bayous et des marécages. La chasse aux alligators est très réglementée. Elle dure un mois, souvent entre octobre et novembre, à l'époque où ils vont hiberner, vivant sur leurs réserves de graisse, après s'être nourris depuis avril. Sur le million d'alligators sauvages que compte la Louisiane 25 000 à 28 000 prises à partir de 1,20 m de long sont autorisées chaque année. On les ferre avec une ligne ééquipée d'un très gros hameçon dissimulé sous un morceau de poule ; quelques heures plus tard ou le lendemain, le chasseur tue l'animal fatigué au fusil. La viande, assez dure, se vend sur place, la peau valant en moyenne 20 piastres le pied. Beaucoup sont tannées à Lafayette.

Les jeunes alligators se nourissent d'abord d'araignées, d'insectes, d'écrevisses, de crevettes et, plus tard, de poissons de taille moyenne, de petites tortues, de grenouilles, serpents et petits oiseaux. Parvenus à la taille adulte, ils font des festins de grandes tortues, hérons, ragondins et même de chevreuils, ou se mangent entre eux. Un spécimen de 4,30 mètres et pesant 360 kilos est considéré comme énorme, le record de la plus grosse prise (5,90 mètres pour numérisation0003-copie-2455 kilos) faite en Louisiane en 1890 n'ayant encore jamais été battu.

Les fermes d'élevage se sont multipliées depuis la sévère réglementation de la chasse. Aujourd'hui, 500 000 alligators sont en captivité, permettant une régulation du marché de la peau dont la demande reste importante.

 

Dossier établi grâce aux Guides Bleux Hachette, édition de 2001 sur la Louisiane.   

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23 juin 2011 4 23 /06 /juin /2011 21:33

 

 

Les éditions des Guides Bleus Hachette peuvent être un bon tremplin pour préparer un voyage lointain ou dans une région proche de chez soi. La Louisiane est loin, me direz-vous, mais aussi très proche puisque ce blog essaie de mieux faire connaître cet Etat du sud des Etats-Unis en rappelant aussi que les villes de Perpignan et de Lake Charles ont été heureusement jumelées il y a vingt ans. Les informations de ces guides, complètes et détaillées, donnent déjà envie d'être sur le lieu de son voyage. Comment les Guides Bleus décrivent-ils Lake Charles, ville à l'ouest de la Louisiane entre Lafayette et Houston ?

 

"Depuis 1900, l'agglomération de Lake Charles et de l'industrielle Sulphur, séparées par un impressionnant pont métallique dont le savant entrecroisement des poutrelles évoque quelque 'grand huit' de fête foraine, est passée de 3 000 habitants à plus de 170 000...

 

Tout a commencé avec la venue vers 1770 de la famille Lebleu et de Charles Sallier, immigrants français qui, avec d'autres rares pionniers, cohabitèrent pacifiquement avec les Indiens, s'installant soit sur la rivière Calcasieu et vivant sur des bateaux, soit sur la terre ferme. Tiraillés jusqu'en 1821 entre les Mexicains et les Espagnols qui voulaient s'approprier le secteur, ils parvinrent à faire de leur hameau un petit port de pêche et un 'relais' sur la route commerciale Houston-Nouvelle-Orléans. Relais d'autant plus intéressant que la Calcasieu River, navigable, n'était qu'à 34 miles du golfe du Mexique, très poissonneux. De 400 habitants à la fin de la guerre civile, Lake Charles passa à 3 000 à la fin du 19ème siècle : les gisements de soufre avaient été découverts à Sulphur vers 1860 et la Southern Pacific Railwway stimulait l'industrie du bois, sur laquelle vivaient alors beaucoup de cités de la région.

 

Arrivent les années 1930 où les gisements de pétrole et de gaz donnent naissance à d'énormes complexes pétrochimiques installés à Sulphur. Leur laideur diurne se métamorphose, la nuit, en une galaxie féerique de petites étoiles scintillantes, reflétées dans l'eau du lac. L'agglomération explose littéralement et s'enrichit jusqu'aux dix années terribles (1980-1990) de la crise pétrolière qui jette des milliers de chômeurs dans la misère, oblige à fermer des centaines d'entreprises et donne l'impression de villes sinistrées. Depuis, comme à Lafayette, l'économie s'est diversifiée et, moyennant une croissance nationale exceptionnelle, a retrouvé toute sa santé.

 

Le Quartier Charpentier : Nous sommes là au coeur de la vielle ville des années 1900 où triomphait l'industrie du bois. Ceux qu'intéresse l'architecture parcourant la vingtaine de pâtés de maisons en pin et en cyprès, essentiellement par des charpentiers français. Les rues Moss, Ford, Broad et Kirby diffèrent profondément de ce que l'on voit ailleurs en Louisiane. Plusieurs styles antinomiques se mélangent, où domine le victorien qui aime étaler en façade ses galeries et les néo-gothique élancé, simplement orné de colonnes aux reliefs légers. Beaucoup d'agrément."numérisation0003-copie-3 

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