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3 décembre 2011 6 03 /12 /décembre /2011 08:52

 

Nijinski est décédé en 1950. Sa tombe se trouve dans la 22ème division du cimetière Montmartre à Paris (France).

"Nijinski étincelait, se tordait et bondissait comme une flamme folle au seul souffle de la musique magique. En 1910, il révélait Igor Stravinski, avec l'Oiseau de feu : c'était déjà une rencontre d'un autre univers que l'attelage de ce sorcier de la danse, né tout dessiné des murs mêmes des palais en délire de Saint-Pétersbourg et de ce bonhomme myope aux cheveux collés et aux dents âgées, assez candide pour penser lancer la mode et l'élégance avec un pantalon moutarde, un veston crème, une chemise bleue et des bottines citron." (1)

En 1909, Serge Diaghilev engageait Nijinski (né en 1890 à Kiev), qui après avoir débuté au Théâtre Marie de Saint-Pétersbourg, allait affirmer, pendant quelques années au sein de la troupe des Ballets russes, des qualités exceptionnelles.

"Nijinski était d'une taille au-dessous de la moyenne. D'âme et de corps il n'était que déformation professionnelle.

Sa figure, du type mongol, était reliée au corps par un cou très haut et très large. Les muscles de ses cuisses et ceux de ses mollets tendaient l'étoffe du pantalon et lui donnaient l'air d'avoir des jambes arquées en arrière. Ses doigts étaient courts et comme tranchés aux phalanges. Bref on n'aurait jamais pu croire que ce petit singe aux cheveux rares, vêtu d'un pardessus à jupe, coiffé d'un chapeau en équilibre au sommet du crâne, c'était l'idole du public." (2)

Ses interprétations ont fait date dans l'histoire de la danse dans Le Spectre à la Rose et aussi dans l'Après-midi d'un faune - chorégraphié par Nijinski sur une musique composée par Claude Debussy en 1893 -, où l'ampleur de ses bonds firent l'admiration du public. Il voulait, par sa perfection de la technique, la beauté de l'expression et par son pouvoir de séduction, donner au danseur masculin un rôle équivalent à celui que la première ballerine avait dans les ballets classiques.

"Avant la première du Faune, à souper chez Larue, il nous étonna, plusieurs jours, par les mouvements de tête d'un torticolis. Diaghilev et Bakst s'inquiétaient, l'interrogeaient, n'en tiraient aucune réponse. Nous apprîmes ensuite qu'il s'entraînait au poids des cornes. Je citerais mille exemples de cette perpétuelle étude qui le rendait maussade et boudeur." (2)

"Ayant trop connu le triomphe de la grâce, il la repousse. Il cherche systématiquement à rebours de ce qui lui vaut sa gloire ; pour fuir de vieilles formules, il s'enferme dans des formules nouvelles. Mais Nijinski est un moujik, un Raspoutine ; il porte en lui le fluide qui soulève les foules et il méprise le public (auquel il ne renonce pas à plaire)." (3)

Après avoir triomphé dans plusieurs théâtres parisiens, la troupe des Ballets russes s'embarque pour l'Amérique du Sud en 1913. Diaghilev, qui déteste les voyages en mer, reste en Europe. C'est au cous de cette tournée que Nijinski épouse à Buenos Aires une danseuse de la troupe Romala de Pulszky. A l'annonce de cette nouvelle, Diaghilev furieux et jaloux rompt l'engagement  qui le liait à la troupe. Malgré une timide réconciliation avec le directeur des Ballets russes, la santé déjà altérée du danseur périclita ; il dut faire des séjours dans de nombreux établissements de repos. Il mourut à Londres en 1950. Sa soeur Bronislava (née en 1891) dansait aussi dans la troupe des Ballets russes. Pour elle, elle composa de nombreux ballets puis, après la mort de Diaghilev survenue à Venise en août 1929, s'exila aux Etats-Unis où elle créa une école de danse.    

    

 

(1) Arthur Conte dans Le Premier janvier 1920 (Plon) 

(2) Jean Cocteau dans De Diaghilev et de Nijinski (La Difficulté d'être)

(3) Jean Cocteau dans Le Coq et l'Arlequin 

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 16:24

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En septembre 1908, Jean Cocteau, qui n'avait que dix-neuf ans, fit un voyage en Italie avec sa mère : la région des lacs, Milan, Vérone et Venise furent les principales étapes de leur séjour. C'est durant ce même mois de septembre 1908 que Claude Monet, peintre reconnu âgé de soixante-huit ans, choisit de partir lui aussi pour Venise avec son épouse Alice.

"En fait, dès avant de se fondre dans l'unité italienne, Venise et la Vénétie ont été comme incorporées à l'Italie du Nord, qui est une des régions les plus actives, les plus dynamiques et aussi, même à distance, les plus performantes qui soient. Ce rattachement s'est précipité quand Venise a été touchée par la voie ferrée, en 1846 - ni plus ni moins le fait capital de son destin récent - et que s'est construite la première gare, assez misérable de Santa Lucia. Pensions-nous en rejoignant là Venise, pour la première fois, qu'elle y était enchaînée ?" (*) Dès l'inauguration de la voie ferrée passée, de nombreux peintres cédèrent à la tentation de Venise : Manet en 1856 et 1875, Renoir en 1881, Eugène Boudin en 1892, 1894 et 1895. Venise dont chacun vantait la lumière avait pris le pas sur Rome et Florence dans le coeur des peintres impressionnistes.

Londres, Venise, deux villes d'eau et de brumes appréciées des peintres :

 

"Je voyage bien peu. J'ai vu Londres, Venise,

Bruxelles, Rome, Alger.

De musée en église

S'épuisant mon désir d'encore voyager.

 

Londres au coeur de charbon, pavot de brique rose,

Où l'on marche endormi.

Venise, triste à cause

Que son vieux corps d'amour n'est ville qu'à demi." (Jean Cocteau, Plain-Chant)

  

Claude Monet arrive à Venise le 2 octobre après un voyage de plusieurs jours depuis Giverny (Eure). Invités par Mary Young Hunter qui dispose d'une demeure prêtée par une de ses amies, Monet et son épouse s'installent au Palazzo Barbaro : "Je vis un rêve, écrit Claude Monet,- cette arrivée à Venise, si merveilleuse, le calme qui vous gagne, les attentions multiples de Mme Hunter, ce palais admirable - un vrai conte de fée... Dès notre débarquement, Mme Hunter était là et, de suite, en gondole, nous a fait faire le tour des canaux grands et petits et admirer le soleil couchant sur la place Saint-Marc ; le tout inoubliable." Quelques jours plus tôt, Cocteau lui aussi découvrait Venise : "Le soir de l'arrivée, la gondole de l'hôtel amuse comme une attraction foraine. Ce n'est pas un véhicule ordinaire. Les parents, hélas, ne l'entendent pas ainsi. Venise commencera demain. Ce soir, on ne monte pas en gondole ; on monte en omnibus. On compte les malles. On ne regarde pas la ville qui ressemble aux coulisse de l'Opéra pendant l'entr'acte."

Venise en ce début d'automne est envahi par les moustiques ; une protection adéquate est de nécessaire : "Les journées sont toujours le même enchantement par ce temps vraiment idéal, écrit Monet le 4 octobre. J'accepte même la moustiquaire et la soeur Hunter." Jean Cocteau écrit dans Le Grand Ecart : "La nuit, sous la moustiquaire, il entendait les guitares, les ténors."

Place Saint-Marc, église San Giorgio Maggiore, Grand Canal, le Palazzo Dario, la Salute, Monet rapportera de Venise une trentaine de toiles. Jean Cocteau rencontre à Venise un jeune écrivain, Raymond Laurent, qui se suicide sur les marches de la Salute peu après qu'ils se soient quittés. "Jacques le railla sur le suicide classique à Venise et lui souhaita bonne nuit."

Le 7 décembre, Claude Monet écrit : "Mon cher ami, Pris par le travail je n'ai pu vous écrire, laissant à ma femme le soin de vous donner des nouvelles. Elle a dû vous dire mon enthousiasme pour Venise. Eh bien ! cela n'a fait que croître et, le moment de quitter cette lumière unique approchant, je m'en attriste." Dans Le Grand Ecart, Cocteau écrit : "Venise avait déçu Jacques comme un écor gondolé à force de servir, car chaque artiste le dresse au moins pour un acte de sa vie. Dans les musées, après deux heures de marche et d'attention, la spleudeur lui tombait à cheval sur les épaules. Meurtri de fatiigue, de crampes, il sortait, descendait les marches, regardait le palazzo Dario saluer les loges d'en face comme une vieille cantatrice, et rentrait à l'hôtel. Il admirait la force des couples qui visitent Venise avec une activité d'insectes."

A son retour en France, Monet termine les toiles commencées à Venise. En 1912, Monet les exposera à la Galerie Bernheim-Jeune. En 1909, Cocteau rencontrera Diaghilev lors de la première des Ballets russes au Châtelet.

 

Cet article a été réalisé grâce à  l'ouvrage de Philippe Piguet, Monet et Venise.        

 

(*) Fernand Braudel de l'Académie française : Venise  

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2 décembre 2011 5 02 /12 /décembre /2011 09:06

 

"Picasso entendit du Strawinsky pour la première fois, à Rome, avec moi, en 1917." Jean Cocteau dans Le Coq et l'Arlequin

 

  

C'est Edgar Varèse qui présenta Jean Cocteau à Pablo Picasso à la fin de l'année 1915. Puis Cocteau présenta Diaghilev à Picasso l'année suivante au cours de laquelle Picasso et Cocteau se mirent d'accord pour composer un spectacle sur une musique d'Erik Satie qui serait dansé par la troupe des Ballets russes de Diaghilev : Parade. C'est à Rome que Picasso et Cocteau rejoignent Diaghilev et sa troupe pour les répétitions avant la première représentation à Paris.

 

"Pour le ballet Parade (livret de Cocteau et musique d'Erik Satie), sorte de collage cubiste mélangeant chorégraphie classique, personnages du cirque et du music-hall, effets cinématographiques et ambiance de fête foraine, il (Picasso) crée les personnages des 'managers'. Ces immenses constructions cubistes, qui évoluent sur scène en contrepoint des danseurs, sont conçues comme des parties mobiles du décor de fond évoquant l'architecture américaine, et elles bouleversent les rapports de l'acteur avec le décor. Le choc visuel est redoublé par le rideau de scène dont l'inspiration italienne baroquisante tranche sur les dissonances modernistes du spectacle." (*)

Jean Cocteau raconte dans une lettre à Paul Dermée datée de 1917 et publiée ensuite dans Le Coq et l'Arlequin comment s'est monté le spectacle appelé Parade : "Dans la première version les Managers n'existaient pas. Après chaque numéro de Music-Hall, une voix anonyme, sortant d'un trou amplifacateur, chantait une phrase type, résumant les perspectivres du personnage.

Lorsque Picasso nous montra ses esquisses, nous comprîmes l'intérêt d'opposer à trois chromos, des personnages inhumains, surhumains, qui deviendraient en some la fausse réalité scénique jusqu'à réduire les danseurs réels à des mesures de fantoche.

J'imaginai donc les 'Managers' féroces, incultes, vulgaires, tapageurs, nuisant à ce qu'ils louent et déchaînant (ce qui eut lieu) la haine, le rire, les haussements d'épaule de la foule, par l'étrangeté de leur aspect et de leurs moeurs.

A chaque phase de PARADE, trois acteurs assis à l'orchestre, criaient, dans des porte-voix, des réclames grosses comme l'affiche KUB, pendant les poses d'orchestre.

Dans la suite à Rome, où nous allâmes avec Picasso rejoindre Léonide Massine pour marier décor, costumes et chorégraphie, je constatai qu'une seule voix, même amplifiée, au service d'un des managers de Picasso, choquait, constituait une faute d'équilibre insupportable. Il eût fallu trois timbres par manager, ce qui nous éloignait singulièrement de notre principe de simplicité.

C'est alors que je substituai aux voix le rythme des pieds dans le silence." 

Cocteau et Picasso ont passé l'hiver 1917 à Rome pour monter le spectacle Parade : "Je n'oublierai jamais l'atelier de Rome. Une petite caisse contenant la maquette de PARADE, ses immeubles, ses arbres, sa baraque. Sur une table, en face de la Villa Médicis, Picasso peignait le Chinois, les Managers, l'Américaine, le cheval, dont Madame de Noailles écrivit qu'on croirait voir rire un arbre, et les Acrobates bleus comparés par Marcel Proust aux Dioscures." (Picasso

"A Rome, en 1917, je ne regardais pas Rome. Je n'avais d'yeux que pour mon collaborateur. Nous habitions un hôtel qui fait la roue par derrière avec son jardin et qui, par devant, donne sur la place du Peuple. Impossible de voir les chefs-d'oeuvre. Il suffisait que nous décidions de visiter une église, un palais, pour nous casser le nez contre une pancarte.

La nuit, nous quittions l'hôtel Minerva, où habitaient les danseuses russes, et nous traversions une ville faite en fontaines, en ombres, en clair de lune.

Tous changeait d'échelle. On visitait les coulisses de Rome. On voyait comment elle est plantée.

J'ignorais Chirico. Il m'aurait aidé à déchiffrer Rome, principalement vide, au clair de lune, s'il avait pu me distraire du spectacle de Picasso." (Le Mystère laïc)

"Il est inutile, poursuit Cocteau, de raconter encore le scandale de Parade en 1917 et son succès en 1920. L'important est de consigner l'aisance avec laquelle Picasso empoigna le théâtre comme il avait empoigné le reste." En effet, le spectacle fit scandale au théâtre du Châtelet en mai 1917. L'année suivante, Picasso épousait une des danseuses de la troupe des Ballets russes : Olga Khokhlova.

La musique de Satie avait fait scandale comme le reste. "Erik Satie (1866-1925), personnage étrange et falot, bohème montmartrois plein de fantaisie, accompagnateur et fournisseur de Paulette Darty, la reine de la valse 1900, était un humoriste à froid qui déconcertait les témoins de sa vie cocasse de Mage de la Rose-Croix, prodigue d'excommunications calligraphiées sur parchemin, et de pianiste de cabaret s'amusant à agglomérer au piano des grappes de notes rendant un son insolite", explique Emile Vuillermoz dans son Histoire de la musique. Pour Cocteau, "Satie est le contraire d'un improvisateur. On dirait que son oeuvre est toute faite d'avance et qu'il la dégage note par note, méticuleusement. Le public est choqué par le charmant ridicule des titres et des notations de Satie, mais il respecte le formidable ridicule du livret de Parsifal. Satie enseigne la plus grande audace à notre époque : être simple. N'a-t-il pas doné la preuve qu'il pourrait raffiner plus que persone ? Or il déblaie, il dégage, il dépouille le rythme. Est-ce de nouveau la musique sur qui, disait Nietzsche, 'l'esprit danse', après la musique 'dans quoi l'esprit nage' ? Satie regarde peu les peintres et ne lit pas les poètes, mais il aime à vivre où la vie grouille ; il a l'instinct des bonnes auberges ; il profite d'une température." (Le Coq et l'Arlequin)

 

Les costumes de PARADE sont exposés à la Caixa Forum de Barcelone jusqu'au 15 janvier 2012.    

 

(*) Extait de L'ABCdaire de Picasso, article de Brigitte Léal (Flammarion)

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1 décembre 2011 4 01 /12 /décembre /2011 11:07

 

Jusqu'au 15 janvier 2012, les Ballets russes sont à l'honneur à la Caixa Forum de Barcelone dans une exposition intitulée "Les Ballets russes de Diaghilev 1909/1929 : Quand l'art danse avec la musique".

 

En 1909, les Ballets russes emmenés par Serge de Diaghilev se produisent au théâtre du Châtelet à Paris (France). "Les spectacles de 1910 sont donnés sur la scène de l'Opéra, ceux de 1911 et de 1912 de nouveau au Châtelet, ceux de 1913 et enfin de 1914 au théâtre des Champs-Elysées, ce théâtre qui a été construit en pensant à eux." (1) Parmi les compositeurs qui écrivirent de la musique pour les Ballets russes, le plus prolifique fut Igor Stravinski (1882-1971), "fils d'un chanteur du théâtre impérial de Saint-Pétersbourg, travailla la composition et surtout l'orchestration avec Rimsky-Korsakow mais chercha seul sa voie. Ses premières compositions - Symphonie en mi bémol, le Faune et la Bergère, un Scherzo fantastique et Feu d'artifice - ne laissaient pas deviner son tempérament de conquistador lorqu'un événement singulier vint imposer à son talent et à sa vie une orientation inattendue. Un amateur d'art très cultivé et soucieux de marcher à l'avant-garde de son époque, Serge de Diaghilew (1872-1929), avait fondé une revue d'art où il favorisait les échanges entre les artistes russes et les poètes d'Occident et organisé des expositions ambulantes de peinture et des tournées lyriques et chorégraphiques à l'étranger." (2)

Extrait du programme des Concerts Colonne (Théâtre du Châtelet) du dimanche 16 novembre 1975, écrit par Michèle Reverdy : "Né en 1882, Igor Stravinsky avait déjà parcouru en 1917, avec l'achèvement de Noces, ce que l'on a appelé depuis sa période russe, et que l'on peut considérer comme une première étape dans sa carrière de compositeur : étape au cours de laquelle il pose les jalons d'un langage nouveau essentiellement rythmique, et digère peu à peu l'acquit culturel de sa jeunesse russe.

L'Oiseau de feu, inspiré par un conte oriental, fut composé sur la demande de Diaghilev pour la saison 1910 des Ballets russes à Paris. Oeuvre à l'orchestration brillante, dans laquelle l'emploi merveilleux des instruments à vent laisse pressentir l'orchestre du Sacre, elle symbolise, dans une constante dualité entre les parties mélodiques et les parties rythmiques, la lutte du Bien (Yvan) et du Mal (Kastcheï).

Plan : Introduction - L'oiseau de feu et sa danse - Variations - Ronde des Princesses - Danse infernale du roi Kastcheï - Berceuse - Final."   

Après l'Oiseau de feu en 1910, Igor Stravinski écrira Pétrouchka en 1911 puis, en mai 1913, Diaghilev, sur une chorégraphie de Nijinski, "jette aux Parisiens, comme un défi, Le Sacre du printemps, ballet préhistorique sur une partition de Stravinski. Quel beau tapage ! Le spectacle qui sera créé au théâtre des Champs-Elysées, ce théâtre d'où l'on est vu de partout. On en profite pour prendre des postures avantageuses ; dès les premières mesures - des mesures heurtées et violentes qui paraissent à beaucoup cacophoniques - des auditeurs se lèvent, protestent, sifflent, se lancent des défis." (1) "L'explosion fut atomique. Au dernier accord, plus rien ne restait debout dans le domaine de l'harmonie, du contrepoint, de la grammaire et de la syntaxe classiques. On ne reconnaissait même plus les outils orchestraux traditionnels que l'assaillant avait utilisés comme instruments contondants ! Une terreur panique s'empara de l'assistance ; néanmoins tout auditeur de bonne foi dut renconnaître que cet engin était un merveilleux chef-d'oeuvre de mécanique et qu'enfin une formule valable et efficace de l'anti-charme était découverte." (2) "Toute réflexion faite, LE SACRE est encore une 'oeuvre fauve', une oeuvre fauve organisée. Gauguin et Matisse s'inclinent devant lui. Mais si le retard de la musique sur la peinture empêchait nécessairement LE SACRE d'être en coïncidence avec d'autres inquiétudes, il n'en apportait pas moins une dynamite indispensable. De plus, n'oublions pas que la collaboration tenace de Strawinsky avec l'entreprise Diaghilew, et les soins qu'il prodigue à sa femme, en Suisse, le tenaient écarté du centre (*). Son audace était donc gratuite. Enfin, telle quelle, l'oeuvre était et reste un chef-d'oeuvre ; symphonie empreinte d'une tristesse sauvage, de terre en gésine, bruits de ferme et de camp, petites mélodies qui arrivent du fond des siècles, halètement de bétail, secousses profondes, géorgiques de préhistoire." (3) "Après le premier choc, le public et les critiques finirent par accepter le Sacre. Une semaine après la représentation parisienne, le ballet fut présenté à Londres où il ne rencontra qu'un succès modéré. En 1920, Diaghilev le monta de nouveau à Paris. Il avait demandé à Massine de refaire la chorégraphie et cette nouvelle version reçut un bon accueil. Depuis, de nombreuses interprétations en ont été données." (4) "Naguère c'est sur Nijinski qu'il (Diaghilev) se penchait voluptueusement comme un tendre trésor. Nijinski se trouve présentement dans une maison de santé. Avec la même lente jouissance, c'est Léonide Massine que Diaghilev a découvert aujourd'hui." (5)

 

 

(*) Ce 29 mai 1913, au théâtre des Champs-Elysées de Paris, l'orchestre était dirigé par Pierre Monteux.  

 

(1) La France de M. Fallières, Jacques Chastenet de l'Académie française (1949)

(2) Histoire de la musique, Emile Vuillermoz (1949) 

(3) Le Coq et l'Arlequin, Jean Cocteau

(4) Extrait de l'encyclopédie Les grands compositeurs et leur musique (Hachette)

(5) Le Premier janvier 1920, Arthur Conte   

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30 novembre 2011 3 30 /11 /novembre /2011 09:21

 

Eloi (588-660), orfèvre, auteur du mausolée de saint Denis et de la châsse de saint Martin, fut maître des monnaies de Clotaire II puis trésorier du bon roi Dagobert Ier. Il fonda le monastère de Solignac, et fut évêque de Noyon où il mourut en 660. On le fête le 1er décembre. Il est le patron des orfèvres, des forgerons et des ingénieurs. A Perpignan, on le célèbre chaque année lors de la Fête du grenat (voir nos articles des 5, 7 et 8 décembre 2010).

A la fin du 19ème siècle, Henri Loridan, poète et chansonnier, a écrit une lettre à son frère Charles qui faisait des études d'ingénieur à l'Ecole Nationale des Arts et Métiers de Chalons (anciennement Chalons-sur-Marne, actuellement Chalons-en-Champagne). Cette lettre, datée du 30 novembre 1894, rappelle que le lendemain sera jour de Saint Eloi, patron des ingénieurs. L'auteur de la lettre, triste de ne pouvoir être au côté de son frère pour ce grand jour, exprime une grande admiration pour celui qui sera quelques années plus tard à la tête de la Southern Ferro-Concrete Co à Atlanta (Géorgie) :

 

 

A mon bien cher petit frère Charles.

 

C'est demain le premier décembre,

Il fait froid puisque dans la chambre

Où je t'écris en ce moment,

Je veux pourtant, bien qu'en étant

Sous l'influence d'un gros rhume,

T'écrire au courant de la plume

Un compliment de bon aloi,

Pour ta fête de Saint Eloi.

 

Il me serait plus agréable

De te posséder à ma table,

Mais puisque je ne puis t'offrir

Un bon fin verre d'élixir

Pris en famille réunie,

Avec mon Riri, ma Ninie,

Accepte mon modeste envoi,

C'est pour ta fête Saint Eloi.

 

Combien je voudrais pouvoir prendre

le train, pour venir te surprendre,

Mais je pourrais être indiscret,

Tant pis ! Je ferme les yeux... et

Mon imagination traverse

L'espace, et j'arrive au "commerce"

Tout heureux, trinquer avec toi

En l'honneur de la Saint Eloi.

 

Enfin, je termine ma lettre

Tout en ayant bien soin d'y mettre... ?

Et puis tu me réclames aussi

Le compliment ? Tiens le voici :

Sous le serment le plus sincère,

Je déclare ici que mon frère

me rend plus heureux que le roi

Qui fut l'ami de Saint Eloi.

 

Henri Loridan (1861-1933), Tourcoing ce 30 novembre 1894        

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29 novembre 2011 2 29 /11 /novembre /2011 18:40

 

Les Ballets russes de Diaghilev qui ont connu un vif succès en Europe entre 1909 et 1929, sont à l'honneur en ce moment à la Caixa Forum de Barcelone dans le cadre d'une exposition de partitions, de costumes, d'affiches, oeuvres d'artistes de renom du début du 20ème siècle.

Quand l'art danse avec la musique : Les Ballets russes dirigés par Serge Diaghilev (1872 - 1929), après avoir triomphé à Paris dès 1909 au théâtre du Châtelet et au théâtre des Champs-Elysées, ont fait une tournée en Espagne en 1917 et 1918, à Madrid et à Barcelone, en pleine Première Guerre mondiale. Après avoir passer six mois en Suisse et après une première tournée aux Etats-Unis, les Ballets russes s'installèrent en Espagne où artistes russes, français et espagnols se groupèrent autour de Diaghilev et de son énergie créative. Le roi Alphonse XIII apporta son soutien à la compagnie et lui permit de faire une tournée en Espagne. Il les aida aussi à aller à Londres où la troupe eut de grands succès en 1918 et 1919. Une fois la paix signée, la compagnie de Diaghilev retourna en Espagne. Durant les années 20, Barcelone et son théâtre du Liceu devinrent le point de départ habituel pour le début des tournées qui terminaient les saisons d'hiver de Monte-Carlo. Les artistes espagnols suivirent l'étoile de Josep Maria Sert, premier artiste non russe à avoir dessiné un ballet pour Diaghilev. Parmi eux, on peut citer Juan Gris, Joan Miro, Pere Pruna et surtout Pablo Picasso. Le compositeur espagnol Manuel de Falla composa aussi pour Diaghilev. Bien que beaucoup de ballets ayant pour sujet l'Espagne ne furent jamais représentés, celui des Ménines, inspiré de la célèbre oeuvre de Vélasquez, fut représenté à San Sebastian en 1916. Dans le Tricorne mis en scène à Londres en 1919, Léonid Massine combinait des éléments de danse espagnole et les décors de Picasso qui évoquaient une Espagne imaginaire. (1)

Cette exposition est ouverte jusqu'au 15 janvier 2012. 

 

Tout au long des vingt années que dura la carrière de Serge Diaghilev - de 1909, date des premières représentations des Ballets russes, à 1929, date de sa mort prématurée -, son génie illuminera le monde des arts. (...) Les Ballets russes se produisirent au Théâtre du Châtelet remis à neuf et complètement redécoré par Diaghilev. La première représentation créa une sensation. (...) Au cours des saisons qui suivirent, Nijinski triompha dans Petrouchka dont la musique était due à Stravinski, la chorégraphie à Fokine et les décors à Benois ; Léonid Massine et Tamara Karsavina remportèrent un immense succès dans le Tricorne dont la chorégraphie était de Massine lui-même, la musique du célèbre compositeur espagnol Manuel de Falla, et les décors de Pablo Picasso. La liste des oeuvres qui enchantèrent le public comporte les noms d'oeuvres désormais très célèbres : l'Oiseau de feu, le Sacre du Printemps, les Noces, les Biches, Apollon musagète.

Même lorsque Diaghilev essuyait un échec, c'était avec éclat. Ce fut le cas de Parade, ballet auquel Jean Cocteau, Satie et Picasso avaient tous trois collaborés, s'efforçant 'd'unir la danse et la peinture' et réussissant à scandaliser les spectateurs.(2) 

 

Avec PARADE, j'ai essayé de faire une bonne oeuvre, mais tout ce qui touche au théâtre devient corrompu. Le luxe du cadre familier au seul directeur d'Europe ayant eu l'audace de nous prendre, les circonstances et la fatigue me rendirent irréalisable un spectacle qui, tel quel, n'en reste pas moins, à mes yeux, une lucarne ouverte sur ce que devrait être le théâtre contemporain.

La partition de PARADE devait servir de fond musical à des bruits de suggestifs, tels que sirènes, machines à écrire, aéroplanes, dynamos, mis là comme ce que Georges Braque appelle si justement des faits. Difficultés matérielles et hâte des répétitions empêchèrent la mise au point de ces bruits. Nous les supprimâmes presque tous. C'est dire que l'oeuvre fut jouée incomplète et sans son bouquet. Notre PARADE était si loin de ce que j'eusse souhaité, que je n'allai jamais la voir dans la salle, m'astreignant à tendre moi-même, de la coulisse, les pancartes portant le numéro de chaque Tour. Le 'Pas des Managers', entre autres, répété sans les carcasses de Picasso, perdait toute sa force lyrique une fois les carcasses mises sur les danseurs. (3)

 

Le scandale de PARADE était un scandale de public. Il venait aussi d'une coïncidence de la représentation avec la bataille de Verdun. La manchette du journal L'Oeuvre portait : Nous attendions un rouleau compresseur, on nous donne un Ballet Russe. (4)

 

 

(1) Traduction partielle de la plaquette distribuée gratuitement à l'entrée de l'exposition (non disponible en français).

(2) Extrait du chapitre sur les Ballets russes de l'encyclopédie sur les Grands compositeurs et leur musique (Hachette)

(3) Jean Cocteau, Le Coq et l'Arlequin

(4) Jean Cocteau, Opium    

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28 novembre 2011 1 28 /11 /novembre /2011 09:15

 

sa note pour le blog louisiane.catalogne. Ouf ! Le blog conserve son triple A : Articles Absolument Appréciés. Mais je m'en Fitch ! Le principal est que, depuis sa création il y a un an, ce blog a reçu grâce à vous toutes et à vous tous, 9 070 visites et que 24 344 pages ont été vues. Depuis le 1er novembre, le blog a eu 1 048 visites. Merci encore.

Parmi les sujets les plus demandés sur les 7 derniers jours (du 21 au 27 novembre) :

. Noël à Perpignan : 20 visites

. Gares de Perpignan et de Figueres : 8 visites

. La Nouvelle-Orléans au 19ème siècle : 2 visites

En ce qui concerne le Marché de Noël à Perpignan, je précise que les chalets du quai Vauban (sur les bords de la Basse) ont ouvert il y a quelques jours et que leurs commerçants vous y attendent. La patinoire, toujours installée devant le Castillet ouvrira au public ce samedi 3 décembre.

A bientôt sur le blog louisiane.catalogne. 

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26 novembre 2011 6 26 /11 /novembre /2011 10:31

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L'église Santa Maria del Mar, au coeur du quartier de la Ribera, est une des plus belles églises de Barcelone. A l'origine, les communautés chrétiennes de la ville romaine de Barcino, vivaient autour du port et de la petite église où furent ensevelis les restes de Sainte Eulalie en 303. Cette église et une succession d'autres construites sur son emplacement prirent le nom de Santa Maria de las Arenas (Ste-Marie des Sables). Malgré les luttes féodales, la construction d'un nouveau quartier nommé Vilanova del Mar, s'étendait au-delà des murailles de la Barcelone médiévale. C'était un quartier formé par des associations corporatives, des commerçants et de simples pêcheurs. Plusieurs d'entre eux travaillaient comme transporteurs de blocs de pierre de la montagne de Montjuïc. Tous s'étaient engagés à construire un belle église dans le quartier de la Ribera avec leurs faibles moyens car tous voulaient rivaliser avec les bourgeois qui eux participaient à la construction de la cathédrale. Construite avec une rapidité inhabituelle pour un édifice d'aussi grandes proportions, c'est une des seules églises gothiques catalanes dont l'extérieur est entièrement achevé.

Le 25 mars 1329, on posa la première pierre de l'église actuelle, comme en témoignent deux inscriptions situées de chaque côté du portail donnant sur la rue Sainte-Marie. Le temple fut consacré par l'évêque de Barcelone le 15 août 1384, jour de l'Assomption. Sa construction n'a duré qu'une cinquantaine d'années. Des événements tristes, incendies, dévastations, guerres fratricides et surtout la destruction presque totale de l'édifice le 19 juillet 1936 rappellent le souvenir d'un passé pénible. Mais de nos jours, l'église Santa Maria del Mar, merveille de l'art gothique catalan, provoque une admiration inoubliable et fascinante. Avant d'entrer à l'intérieur, il faut regarder la façade principale et son grand portail. A l'intérieur, on peut voir les vitraux, la rosace du 15ème siècle de style gothique flamand, les portes, les sculptures et les statues, l'orgue baroque, la chapelle du Saint Sacrement, la crypte où l'on vénère les reliques de Saint-Cucufa (Sant Cugat).

L'église Santa Maria del Mar se trouve dans un quartier animé à deux pas du musée Picasso entre le marché du Born et la Via Laietana.     

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 09:54

Après avoir ravi de nombreux visiteurs au musée des Impressionnismes de Giverny (Eure) - village 'découvert' par Claude Monet en 1883 -, la section des tableaux impressionnistes de la Collection Clark (Williamstown, Massachussetts) est à la Caixa Forum de Barcelone jusqu'au 12 février 2012.

 

En avril 1874, eut lieu dans le studio du photographe Nadar, boulevard des Capucines à Paris (France), la première exposition d'un groupe de peintres qui avaient été rejetés par le Salon officiel : les impressionnistes. L'art européen entrait dans une période marquée par une série de changements importants qui, en peu de temps, conduisirent à faire abstraction de l'apparence, des couleurs naturelles, du thème et de la perspective, éléments qui, depuis la Renaissance, avaient caractérisé la représentation picturale.

Quand Sterling Clark s'installa à Paris en 1910, quelques-uns des représentants de cette révolution picturale peignaient encore. En 1916, il fit l'acquisition d'un tableau d'Auguste Renoir représentant une jeune fille faisant du crochet, tout attiré qu'il fut par la couleur et la sensualité de l'image féminine. Ce fut le début d'une passion qui le conduisit à réunir une extraordinaire collection d'oeuvres françaises de la fin du 19ème siècle et du début du siècle suivant. Clark ne partageait pas l'esprit iconoclaste propre aux nombreuses manifestations de l'art contemporain, mais au contraire, il cherchait la continuité entre les créations du passé et celles du présent. Les oeuvres qu'il acquit, principalement celles de la première période de l'impressionnisme allèrent tout de suite bien avec celles des maîtres anciens et avec la peinture de l'époque antérieure.

Cette exposition itinérante présente les oeuvres majeures de la Collection de peinture française de la Sterling and Francine Clark Art Institute de Williamstown (Massachussetts). Pour commencer, elle refait le chemin qui conduisit à l'impressionnisme, quand un groupe de peintres parmi lesquels Camille Corot, Jean-François Millet, Constant Troyon et Théodore Rousseau, se rendirent dans la forêt de Barbizon près de Fontainebleau, pour peindre au grand air. Traditionnellement, le paysage était la toile de fond des scènes mythologiques ou religieuses. Les artistes de l'Ecole de Barbizon le firent passer au premier plan et établirent comme une relation d'intimité avec lui, comme s'ils voulaient le fondre avec la nature.

Les impressionnistes marchèrent rapidement sur leurs pas. Les premières compositions de Claude Monet (1840 - 1926), Gustave Caillebotte (1848 - 1894), Alfred Sisley (1839 - 1899) tendèrent à retenir l'impression d'un instant de la journée, d'une manière magnifique et somptueuse par des effets de lumière et de couleur. Jusqu'en 1880, l'impressionnisme vécut un moment de plénitude avec l'oeuvre de Monet  et sa recherche de la beauté. Le tableau est alors le résultat de la superposition de touches individuelles qui crèent un effet d'explosion de la lumière. Le point de fuite disparaît et le paysage se transforme en objet de méditation transcendante.

Les impressionnistes rénovèrent aussi la peinture d'intérieur et la nature morte. Ils choisirent des thèmes simples liés à la vie quotidienne, la campagne ou la ville et ils les représentèrent comme personne ne l'avait fait avant, par des touches vibrantes qui recréent l'effet de lumière naturelle sur la surface des choses.

Renoir fut la grande passion de Clark : il réunit trente-neuf de ses peintures - des nus, des scènes de la vie moderne, des portraits, des autoportraits, des paysages, des natures mortes -, en attachant une attention toute particulière sur la première période de sa production, entre 1874 et 1880, la plus représentative de l'impressionnisme.

Toutes ces recherches nouvelles vivent, dans la Collection Clark, avec un art plus académique qui posait sur la toile des thèmes conventionnels : oeuvres historiques, religieuses, mythologiques et portraits de personnages importants.

La fin du pacours de l'exposition de Barcelone, porte un regard sur l'apport de peintres post impressionnistes, de Honoré Daumier à Toulouse-Lautrec, de Edgar Degas à Pierre Bonnard et Paul Gauguin : des couleurs vives et lumineuses qui ne sont pas toujours la représentation des couleurs véritables et une conception bidimensionnelle de l'espace en marge des lois de la perspective.

Sterling Clark transforma sa passion personnelle en un patrimoine collectif. En 1955, il créa son propre musée à Williamstown dans le Massachussetts qui est aujourd'hui un centre de référence pour tous les amoureux de la peinture avec des salles d'exposition et un centre de recherche et d'enseignement.

 

L'exposition "Impressionnistes. Maîtres français de la Collection Clark" est visible à la Caixa Forum de Barcelone, Avinguda de Francesc Ferrer i Guardia, 6-8 (Montjuïc), jusqu'au 12 février 2012, du lundi au vendredi de 10 heures à 20 heures, samedi et dimanche de 10 heures à 21 heures.

 

Texte ci-dessus : traduction partielle de la plaquette en castillan distribuée gratuitement à l'entrée de l'exposition.  

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24 novembre 2011 4 24 /11 /novembre /2011 18:24

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Afin de compléter les deux articles précédents consacrés au diplomate Alexis Léger (Saint-John Perse) dont Aristide Briand fera en 1925 son directeur de cabinet au Quai d'Orsay, revenons sur le déroulement de la Conférence de Washington qui a eu lieu en novembre 1921, il y a nonante ans.

 

Durant l'été 1921, Aristide Briand, président du Conseil depuis le 16 janvier, estima que seule une politique de confiance à l'égard de l'Allemagne pouvait être féconde et riche d'avenir. En septembre, il consentit à la levée des sanctions économiques contre l'Allemagne. En dépit de la vive opposition qui se manifestait contre la politique étrangère du président du Conseil, Briand se rendit en personne à Washington pour prendre part à la conférence souhaitée par le président Warren Harding. Harding avait remporté l'élection présidentielle un an plus tôt sur les démocrates James Cox et Franklin Roosevelt, le président sortant Woodrow Wilson, qui avait, avec les pays vainqueurs, élaboré à Paris le traité de paix (taité de Versailles), ne se représentait pas. En mars 1920, le Sénat américain opposé à Wilson avait rejeté le traité de Versailles par 49 voix pour, 35 contre, mais il aurait fallu la majorité des 2/3 soit 56 voix pour que le traité fût ratifié. L'élection du Républicain Harding après le rejet du traité confirmait la défaite de la conception des rapports internationaux de Wilson qui décèdera en 1924, désespéré de n'avoir pas su faire approuver par ses compatriotes son grand projet d'un ordre international nouveau. L'élection de Harding ne pouvait que mener au repli les Etats-Unis sur eux-mêmes (isolationnisme). 

Le président Harding lança donc aux alliés une invitation à venir discuter le 11 novembre (jour anniversaire de la signature de l'armistice) du désarmement et des questions du Pacifique. Aristide Briand annonça son intention de se rendre lui-même outre-Atlantique, effectuant ainsi le premier voyage officiel d'un chef de gouvernement français aux Etats-Unis. S'il accepta de quitter la France pendant plusieurs semaines, c'est parce qu'il espérait ramener les Américains à s'intéresser aux affaires européennes et les rapprocher de la France.

La délégation françaie embarque au Havre le 29 octobre. Elle comprenait outre Briand, Albert Sarraut, ministre des Colonies et bon connaisseur des problèmes du Pacifique, Viviani, Berthelot et plusieurs experts. Aux Etats-Unis, ils retrouvèrent l'ambassadeur de France et un jeune spécialiste de l'Extrême-Orient, Alexis Léger (Saint-John Perse) dont Briand fera en 1925 son directeur de cabinet au Quai d'Orsay. Briand avait la ferme intention de défendre sa politique européenne : la France était prête à désarmer à condition que les alliés lui donnassent leur garantie sur l'exécution des engagements de l'Allemagne. Mais la conférence renonça finalement à discuter des armements terrestres. Aristide Briand sse heurtant au front uni des Anglo-Saxons, dut accepter une hiérarchie des flottes de guerre qui plaçait la France au quatrième rang mondial derrière les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon. Aristide Briand quitta Washington le 24 novembre, laissant Viviani puis Sarraut diriger la délégation française. Cette conférence donna lieu au début de l'année 1922 à la signature d'un traité dit "Traité des Cinq Puissances" (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Japon, France et Italie) sur la limitation des armements navals. La répartition des navires de ligne que les dites puissances s'engageaient à respecter fut fixée dans les proportions suivantes : Etats-Unis et Grande-Bretagne, 5 ; Japon, 3 ; France et Italie, 1,75.

Une vive opposition s'étant manifestée envers la politique étrangère de Briand, ce dernier démissionna le 12 janvier 1922.    

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